L’Université canadienne du leadership planétaire

Henri-Paul Rousseau, vice-président, conseil d’administration de Power Corporation.

Allocution présentée à la réunion des membres d’Universités Canada tenue à Montréal le 25 avril 2017

par Henri-Paul Rousseau, vice-président, conseil d’administration de Power Corporation du Canada.

L’Allocution prononcée fait foi.

L’Université canadienne du leadership planétaire ou Le Réseau des « Leaders Blue »

Introduction

Bonsoir,

Permettez-moi de remercier M. le recteur Breton ainsi que M. le président Davidson de leur aimable invitation. Ils m’ont demandé de vous parler du rôle des universités et de l’importance de la formation et de la recherche universitaire pour nos sociétés et nos organisations privées et publiques.

Normalement, je devrais faire une démonstration de la contribution des universités à la croissance et au développement économiques de nos sociétés modernes. Car il ne fait aucun doute qu’elles jouent, et vont jouer, un rôle déterminant dans la grande révolution technologique qui s’amorce où la numérisation, les sciences des données, la robotisation et l’intelligence artificielle vont propulser nos économies vers des horizons encore inconnus et certainement mener à de grandes découvertes et de grands bouleversements dans nos sociétés!

J’aurais pu en effet tenter une telle démonstration, mais, en y réfléchissant bien, je me suis dit que vous étiez tous et toutes plus habilités que moi à la faire. Alors j’ai plutôt décidé de vous faire part d’un projet qui, je crois, décuplerait l’influence et l’impact de nos universités dans la société, mais aussi dans le monde. Car j’ai la conviction qu’en travaillant ensemble les universités du Canada sont les mieux placées pour relever les grands défis auxquels le Canada est confronté, mais aussi la planète entière!

Section 1. L’état de notre planète

Quels sont ces défis? Pour répondre à cette question, permettez-moi de citer mon ami Ketan Patel1, un investisseur des plus avisés et un des penseurs les plus éclairés sur l’état de la planète. Ketan Patel identifie une dizaine de ces défis et risques planétaires. Les voici :

  1. La croissance des inégalités de la richesse et des revenus;
  2. Un marché du travail de plus en plus précaire;
  3. La hausse du protectionnisme;
  4. Les changements climatiques et la pollution croissante qui augurent de grands drames environnementaux;
  5. La rareté de la nourriture et de l’eau;
  6. La montée du terrorisme;
  7. L’insécurité cybernétique;
  8. Les déplacements de réfugiés à un niveau record;
  9. La montée des crimes et des discours politiques haineux;
  10. L’apparition des « faits alternatifs » ou des « sociétés post-vérité ».

1 Patel, Ketan, chef de la direction et fondateur, Greater Pacific Capital, « GPC’s Sign of the Times », janvier 2017

M. Patel conclut son exposé sur l’état de la planète ainsi (traduction libre) :

« Le défi central pour les leaders internationaux d’aujourd’hui consiste en la définition d’un ensemble de valeurs partagées afin de bâtir un nouvel ordre mondial. »

J’ajouterais que le défi est aussi d’avoir des leaders de haut calibre, capables de définir des valeurs partagées pour bâtir ce nouvel ordre mondial. Le projet auquel je convie nos universités canadiennes est de prendre le leadership dans la formation de ces futurs leaders planétaires.

Pourquoi le Canada? Parce que nous jouissons d’une place privilégiée sur l’échiquier mondial. L’ADN du Canada en est un de diversité, de complexité et d’une culture de choix équilibrés. De plus, nous avons évité la grave crise financière de 2008, nous affichons une redistribution des revenus relativement égalitaire et manifestons une grande ouverture aux réfugiés et immigrants qui fuient les guerres du Moyen-Orient. Nous sommes cités en exemple partout dans le monde; notre image de marque est au mieux. Nous devons utiliser cette position privilégiée pour contribuer à l’émergence du nouvel ordre mondial que tous appellent de leurs vœux.

Section 2. Le rôle des universités du Canada : une proposition audacieuse

Car la difficulté pour faire face aux défis de notre temps réside dans leur caractère planétaire et dans l’absence de gouvernement planétaire, qui normalement en assumerait la responsabilité.

Mais absence de gouvernement ne signifie pas absence de leadership. En effet, plusieurs gouvernements font montre de leadership en jumelant leurs interventions pour lutter contre les problèmes planétaires et plusieurs organismes internationaux ont été créés dans ce but. Mais la création des organismes internationaux remonte à la fin de la dernière guerre, et les interventions de nos gouvernements, même coordonnées, sont souvent ad hoc, ponctuelles, et sans cadre permanent. Si bien qu’il s’agisse de lutte à la famine, d’aide aux réfugiés, de secours lors de catastrophes naturelles ou de maintien de la paix, toutes ces actions connaissent des ratés importants. Des ratés qu’il faut comprendre dans le but de les corriger et d’habiliter les futurs leaders à les éviter. Des leaders planétaires qu’il est urgent de former, que nos universités pourraient former.

Certes, il existe déjà plusieurs programmes de formation sur les problèmes planétaires offerts par des universités canadiennes, américaines, européennes et asiatiques, mais à ma connaissance, il n’existe aucune initiative aussi osée que celle que je vais vous proposer ce soir.

Je vous présente donc très candidement l’esquisse de l’ « Université canadienne du leadership planétaire » ou « The Canadian University for Global Leadership ». Une esquisse que vous pourrez à loisir modifier et améliorer, cela va de soi.

Le mandat de cette Université serait de devenir un centre d’excellence international reconnu et une institution de référence mondiale sur les enjeux planétaires et la formation de leaders planétaires.

Sa mission s’articulerait autour de quatre grands axes : l’enseignement, la recherche, la création et la communication.

i) L’enseignement

Pour réaliser sa mission, l’Université canadienne du leadership planétaire devrait recruter et sélectionner des jeunes leaders provenant de tous les pays du monde avec comme objectif de les outiller pour comprendre et gérer la diversité et la complexité des enjeux planétaires. Elle offrirait un programme de formation multidisciplinaire de quatre ans à des cohortes d’étudiants aux origines, religions, cultures, formations académiques et expériences professionnelles diverses, qui tous devraient parler au moins trois langues, avoir complété un premier diplôme universitaire dans une discipline appropriée et avoir démontré clairement un talent naturel de leadership.

Au terme de ces quatre années de formation, l’Université leur décernerait un diplôme universitaire d’études supérieures. Ce programme serait unique en vertu de trois caractéristiques :

  1. Le sujet d’étude serait celui des enjeux planétaires;
  2. L’approche pédagogique serait multidisciplinaire, avec un curriculum portant sur l’étude des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques ainsi que des sciences humaines et sociales; et enfin,
  3. Les étudiants auraient des origines diverses.

Au cours des deux premières années, ils suivraient un cursus commun sur l’histoire et la géographie des civilisations, des religions, des cultures et des continents qu’ils représentent et sur les grands courants philosophiques et épistémologiques qui traversent leurs sociétés.

S’ajouterait une mise à niveau sur l’état actuel des connaissances en sciences naturelles, physiques, et médicales ainsi qu’en sciences humaines et sociales. Des cours en sciences politiques, en sociologie, en économie, en gestion de risques et en gouvernance complèteraient ces deux premières années. De plus, une attention particulière serait mise sur l’étude de concepts et d’outils nécessaires pour mieux comprendre les tendances socio-pratiques et économiques de nos sociétés modernes. De plus, le rôle changeant des médias traditionnels et des nouveaux médias dans l’évolution de l’opinion publique et des croyances populaires, les nouveaux défis auxquels font face les leaders politiques et les chefs de direction des organisations privées et publiques ainsi que le déclin rapide de la confiance envers les institutions dans nos sociétés modernes seraient des sujets à étudier en profondeur. Une dimension importante de ces deux années serait de former les étudiants à devenir des personnes capables d’exercer un leadership inclusif et capables de rétablir la confiance dans les organisations et la société en général.

Au cours de leurs deux dernières années, les étudiants devraient choisir parmi les cinq champs de spécialisation suivants :

Gestion planétaire pour des organisations privées et publiques planétaires

Les entreprises privées globales, tout comme les institutions internationales, font face à des défis de gestion qui leur sont propres. En effet, leurs activités se déclinent dans plusieurs pays, sur plusieurs fuseaux horaires, dans plusieurs langues et avec des employés de cultures et de religions différentes. À cette complexité s’ajoute la nécessité de s’insérer dans les réseaux de leaders économiques, politiques, médiatiques et académiques des pays où elles œuvrent. Sans compter qu’elles doivent connaître et respecter les lois et les coutumes de ces pays. Bref, la gestion de telles organisations exige un modèle de gouvernance unique, à la fois rigoureux et décentralisé, pour assurer l’atteinte des objectifs de l’organisation. Les fonctionnaires et dirigeants de ces organisations privées et publiques globales forment un écosystème qui est au cœur de la gouvernance de la planète et ils doivent contribuer au grand défi qui est de rétablir la confiance entre les parties prenantes de la société et des institutions internationales.

Sécurité cybernétique / Sécurité nationale et planétaire

Les menaces à la sécurité cybernétique sont en forte croissance : espionnage industriel, terrorisme, coulage d’informations gouvernementales secrètes, intrusion dans la vie privée, etc… Il ne viendrait à l’esprit d’aucun d’entre nous que chaque entreprise ou individu ait l’obligation de constituer une armée pour défendre le territoire national, car la défense n’est pas un bien privé, mais un bien public. Cela est encore plus vrai de la cybersécurité. Plus encore, la cybersécurité est non seulement un bien public national, mais planétaire, car le web n’a pas de frontières. Les événements récents sont convaincants à cet égard et nous avons besoin de leaders compétents pour traiter la complexité, les enjeux techniques de ces menaces et les enjeux éthiques des réponses à ces menaces.

Défis environnementaux

Nul besoin ici d’insister sur le caractère planétaire des problèmes environnementaux. Les sécheresses, inondations, dérèglements climatiques, et acidification des océans ont tous des causes qui dépassent les frontières des pays qui en sont victimes. Les risques de conflits que ces problèmes peuvent engendrer sont aussi bien connus. Si la prise de conscience est bien avancée, les mesures correctrices peinent à être entreprises. Encore une fois, en formant des leaders sur ces questions, nous pourrions renforcer l’écosystème planétaire et faire avancer plus rapidement la société civile internationale vers des solutions partagées par un plus grand nombre de leaders nationaux.

La santé publique

La grippe aviaire, le SRAS, le SIDA, le virus ZICA, la résistance aux antibiotiques : tous ont démontré sans équivoque la nature planétaire des maladies. Les grandes organisations internationales de santé publique vivent dans la crainte de l’apparition d’une pandémie impossible à endiguer. Autre problème commun à de nombreux pays, la part astronomique, 98 %, des dépenses en santé consacrée aux soins curatifs plutôt qu’à la prévention. La montée en flèche de l’obésité et des maladies chroniques est aussi un enjeu planétaire.

Une des façons efficaces de contribuer à l’amélioration de la santé planétaire est de former des leaders en santé publique qui auront l’expertise et la capacité de comprendre et d’influencer les débats pour aider les organisations internationales et les gouvernements à adopter des politiques de santé publique cohérentes,  efficaces et coordonnées au plan international.

L’éducation, la formation continue et le marché du travail

Les nouvelles technologies, la robotisation, la numérisation, les données et l’intelligence artificielle sont en train de changer les approches et les contenus en éducation et en formation continue. Ces nouvelles technologies modifient radicalement les marchés du travail et la formation des dirigeants d’entreprises et de leurs travailleurs. Comment différentes sociétés et différentes cultures vont-elles répondre à ces nouveaux défis et ces nouvelles opportunités?

Comment assurer un accès à une éducation de qualité au plus grand nombre de jeunes dans ce nouvel environnement ? Comment doit-on modifier les systèmes d’éducation pour obtenir les succès recherchés? Toutes ces questions sont au cœur de la préparation des nouvelles générations à ce nouveau monde.

Ces cinq champs de spécialisation ne sont que quelques exemples auxquels d’autres champs de spécialisation pourraient se rajouter.

ii) La recherche

La mission de recherche de l’Université canadienne du leadership planétaire serait centrée, cela va de soi, sur les enjeux que nous venons d’évoquer. Les chercheurs seraient appelés à développer une méthodologie propre à l’étude des phénomènes planétaires où les données joueraient un rôle important. Il existe, toutefois, de nombreuses interactions entre tous les phénomènes décrits plus haut, et l’analyse de ces interactions représenterait le principal défi des chercheurs – cette analyse est en effet au cœur de la compréhension des problèmes planétaires et de l’identification de solutions.

Le centre de recherche de l’Université serait une véritable agora virtuelle où se côtoieraient des chercheurs des sciences pures, appliquées, sociales et humaines, des technologues, des ingénieurs, etc., issus de toutes les universités canadiennes et de centres d’expertises de partout à travers le monde.

Quelques précisions s’imposent sur le fonctionnement de ce centre de recherche. Dans mon esprit, il ne s’agit surtout pas d’un bâtiment, mais bien du regroupement virtuel de nos meilleurs scientifiques dans tous les domaines et de toutes les universités canadiennes. Le modèle de gouvernance pourrait s’inspirer de nos grands conseils de recherche et du programme Apogée qui a permis à plusieurs universités de découvrir la force du travail interdisciplinaire et de la collaboration interuniversitaire. Il serait nécessaire également de faire un bon étalonnage de l’expérience des autres pays. Les subventions de recherche seraient octroyées selon un plan stratégique établissant les priorités de recherche, les critères scientifiques, le degré de collaboration entre les chercheurs et leur capacité de travailler de façon multidisciplinaire. La participation d’experts internationaux reconnus devrait aussi avoir un poids important dans l’octroi des subventions.

iii) La création

L’Université canadienne du leadership planétaire mettrait en place un laboratoire de création. La mission de ce laboratoire serait de contribuer, en partenariat avec d’autres organisations planétaires, à l’identification de solutions durables aux problèmes planétaires. Le laboratoire coordonnerait un programme intensif et diversifié de stages dans les grandes organisations internationales privées et publiques. Chaque étudiant devrait participer à au moins trois stages durant ses années de formation à l’Université.

Le laboratoire de création serait une véritable usine à idées et à solutions – une agora virtuelle où seraient recensées les expériences de leadership, de gestion et de gouvernance pertinentes pour solutionner les problèmes planétaires. Ce laboratoire contribuerait à enrichir le programme de formation et serait en symbiose complète avec le centre de recherche. Ses activités serviraient également à tester les nouvelles technologies et les découvertes des chercheurs.

iv) La communication

Pour assurer une large diffusion des résultats de recherche et de création, je proposerais que l’Université canadienne du leadership planétaire se dote d’un service de communication qui aurait pour mission de coordonner la diffusion des résultats des activités de recherche et de création de l’Université avec ses partenaires globaux – dans différentes langues, sur différents supports, de façon à les rendre accessibles à tous, partout à travers le monde.

Un programme de publications de l’Université parrainé par un comité d’édition viserait à l’établir comme la référence en matière de leadership et de gouvernance planétaire.

L’Université canadienne du leadership planétaire devrait aussi investir du temps et des énergies à vulgariser les résultats de ses recherches afin d’aider les médias traditionnels et les populations en général à démêler le vrai du faux de ce que l’on retrouve sur l’internet. Pour contrer la montée des crimes haineux, de la xénophobie, du populisme, du racisme et de l’intégrisme religieux, il faut accroître l’ouverture, le respect et l’échange entre les êtres humains. Il faut surtout former des leaders capables d’affirmer la primauté des faits sur les opinions, et de la science sur la croyance pour éviter de retourner à l’âge des ténèbres. C’est un rôle qui fut de tout temps dévolu aux universités.

Section 3. Le modèle d’affaires, la gouvernance et le financement

Après ce long exposé sur l’état de la planète et la description de ce que pourrait être la vocation de l’Université canadienne du leadership planétaire, vous avez, j’en suis certain, plusieurs objections, et à tout le moins des questions, sur le modèle d’affaires, de gouvernance et de financement de cette nouvelle Université. La réponse à ces questions est en effet vitale pour que cette nouvelle université voie le jour.

Je crois que l’Université canadienne du leadership planétaire devrait être constituée en coopérative appartenant à ses membres, c’est-à-dire les universités du Canada qui y participeraient.

L’assemblée des membres élirait un conseil d’administration, lequel choisirait le personnel de direction chargé d’établir le plan d’affaires, les budgets, la rémunération des professeurs et les frais de scolarité des étudiants, etc. Cette coopérative s’adjoindrait probablement quelques comités consultatifs internationaux composés de grands experts mondiaux aux compétences et expériences diversifiées qui donneraient leurs conseils dans chaque champ de spécialisation de l’Université.

Cette Université serait financée par une fondation à laquelle seraient appelés à contribuer les gouvernements canadiens et étrangers, les organismes internationaux, les grandes entreprises globales et les organisations philanthropiques ayant à cœur la formation d’un nouveau leadership planétaire.

Son campus serait virtuel, car toutes les universités du Canada participantes seraient réunies par un site internet commun où toutes les informations pertinentes à l’Université seraient regroupées. Cette Université utiliserait les plus récentes technologies de l’éducation et de la formation, et elle serait une vitrine sur ces technologies. La contribution de chaque université se traduirait d’abord et avant tout par la participation de ses professeurs et chercheurs à ce nouveau programme. Chaque étudiant admis au programme serait encadré par trois tuteurs provenant d’universités et de disciplines différentes. Ils établiraient avec l’étudiant un programme personnalisé pour ses deux premières années de formation. Cette formation, dispensée par plusieurs universités, amènerait l’étudiant à vivre au moins sur deux campus différents au Canada durant cette période. Pendant les deux dernières années de sa formation, l’étudiant séjournerait sur le campus de l’université offrant l’un des cinq champs de spécialisation décrits plus haut. Durant ces années de spécialisation, ce sont les professeurs/chercheurs des différentes universités qui iraient à la rencontre des étudiants, ce qui implique de regrouper physiquement les étudiants par champ de spécialisation.

Conclusion : De l’idée au projet et du projet à sa réalisation

Attaquons maintenant de front la principale objection à ce projet d’Université canadienne du leadership planétaire. On dit que les universités canadiennes n’ont pas une très grande tradition de collaboration, étant par nature en compétition pour recruter les étudiants et les professeurs et pour obtenir du financement public et privé. À ceci, je réponds que c’est exactement le même problème de gouvernance auquel font face les pays du monde qui sont en compétition féroce, mais qui doivent coopérer pour établir les règles du jeu commercial et politique et éviter l’implosion de la planète. Pour former des leaders capables de coopérer, les universités du Canada doivent apprendre à coopérer davantage !

Concrètement, si l’idée vous semble pertinente, un groupe de travail pourrait être formé pour convertir ce projet audacieux en réalité. Une étude de marché auprès des organismes internationaux; un examen du projet par des groupes de discussion ou des groupes de discussion composés de professeurs et de dirigeants universitaires et de leaders de la communauté internationale; l’élaboration d’un plan stratégique et d’un modèle financier basé sur divers scénarios de croissance; voilà autant de travaux qui pourraient être confiés à ce groupe de travail.

La création d’une université n’est pas une mince affaire. Un programme de formation d’une durée de quatre ans est également couteux. En fait, cette grande idée ne verra probablement pas le jour sans l’appui d’un commanditaire global comme le G-20 et sans la volonté de quelques grandes fondations privées. Le mandat du groupe de travail devrait inclure la recherche d’appuis et de commanditaires pertinents.

Je sais que la réalisation de ce projet est semée d’embûches, mais songez à la prodigieuse force d’attraction qu’exercerait la création d’une telle université auprès des étudiants canadiens et étrangers dans tous les domaines des sciences et des humanités qui sont au cœur des enjeux planétaires. De plus, plusieurs étudiants viendraient au Canada pour obtenir un diplôme de premier cycle avant de faire une demande d’admission à cette unique université.

Songez aussi qu’après une dizaine d’années, le Canada aurait contribué à la formation de leaders qui se retrouveraient dans toutes les grandes organisations internationales et les grandes sociétés privées canadiennes ou étrangères et qui auraient tous une alma mater canadienne. Difficile d’imaginer un plus grand rayonnement pour une université canadienne!

L’écosystème canadien international et l’image de marque canadienne auraient été enrichis de façon substantielle.

Je termine en vous disant qu’en créant l’Université canadienne du leadership planétaire, les universités du Canada s’inscriraient dans la continuité du rôle historique du Canada dans le monde, dont la création des Casques Bleus, à l’initiative de Lester B. Pearson en 1956, en pleine crise de Suez, a marqué le point de départ.

Soixante ans plus tard, l’Université canadienne du leadership planétaire pourrait reprendre le flambeau en formant un réseau de « Leaders Bleus » au service de la guérison des maux de notre planète.

Je vous remercie de votre attention.

Universités Canada