John Zilcosky

Headshot of John Zilcosky, 2022 winner of a Guggenheim Fellowship in Germanic languages and literature

De Platon à Hulk Hogan : Un chercheur raconte l’histoire étonnante de la lutte

La lutte est beaucoup plus complexe qu’elle n’y paraît, et le chercheur John Zilcosky de la University of Toronto rédige un ouvrage pour en faire connaître l’histoire fascinante. Les travaux qu’il entreprend dans le cadre de son projet intitulé Wrestling : A cultural history from Plato to Hulk Hogan (L’histoire culturelle de la lutte, de Platon à Hulk Hogan) lui ont valu l’obtention d’une Bourse de recherche Guggenheim en 2022.

Professeur de littérature allemande et comparative, M. Zilcosky soutient que la lutte, le plus vieux sport au monde, a été déterminante dans la naissance de la civilisation.

« L’un de mes arguments est que Platon a su reconnaître l’importance de la lutte pour bâtir une société rationnelle. Contrairement aux autres sports, la lutte témoigne de la violence entre les êtres humains. »

Son ouvrage portera sur les raisons pour lesquelles les gens luttent ainsi que sur les origines du sport. M. Zilcosky en retracera l’histoire depuis les premières civilisations jusqu’à l’avènement de la lutte professionnelle telle qu’on la connaît aujourd’hui, en passant par l’ère classique, la Renaissance et l’ère moderne, et explorera également la présence de la lutte dans les cultures autochtones et sa pratique chez les femmes.

« Dans ce premier ouvrage sur l’histoire de la lutte, je soutiens que son principal attribut est qu’elle parvient à exprimer et à mettre en scène à la fois la violence et le sexe : deux hommes s’étreignent de manière agressive sans pour autant se tuer ou se violer, explique-t-il. Nous regardons ces personnes qui tentent à la fois de se blesser et de ne pas se blesser, personnifiant l’ambivalence de ce qui fait de nous des êtres humains. »

M. Zilcosky a fait de la lutte compétitive durant sa jeunesse et a fait partie de l’équipe de lutte de l’Université Harvard pendant ses études de premier cycle. Son projet de recherche est pour lui « une passion » et espère que son nouvel ouvrage atteindra un auditoire diversifié et stimulera une nouvelle réflexion sur ce sport et la civilisation.

M. Zilcosky affirme que l’obtention d’une Bourse de recherche Guggenheim est d’une grande aide parce qu’il réalise une grande partie de son travail seul. « Le fait que mes travaux soient reconnus par une grande fondation comme la Fondation Guggenheim m’indique qu’ils sont importants et que les gens s’y intéressent. Cette bourse me permettra de prendre des risques que je n’aurais peut-être pas pris autrement et de voir grand. Grâce à l’appui d’une fondation comme celle-ci, j’oserai peut-être avancer des arguments sur la façon dont la lutte est liée au début de la civilisation et sur ce que signifie être un être humain. »

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Headshot of Yanquin Wu, winner of a 2022 Guggenheim Fellowship in astronomy and astrophysics

Une astronome explore l’origine des planètes

Grâce à l’obtention d’une Bourse de recherche Guggenheim en 2022, Yanqin Wu, professeure d’astrophysique théorique au Département d’astronomie et d’astrophysique David A. Dunlap de la University of Toronto, sera en mesure d’approfondir ses travaux de recherche sur la formation des planètes autour des étoiles.

« Les astronomes aiment comprendre comment tous les éléments de l’univers se forment. De mon côté, je m’intéresse particulièrement à la formation des planètes et à la compréhension de leurs origines », précise Mme Wu, dont les travaux de recherche portent sur les disques protoplanétaires, soit des nuages constitués de gaz et de poussières qui entourent les étoiles naissantes.

 La professeure se concentre plus particulièrement sur les disques segmentés.

Au cours de sa carrière, Mme Wu s’est intéressée aux planètes à l’intérieur et à l’extérieur du système solaire. Elle utilise des données recueillies par le télescope spatial Kepler, chasseur d’exoplanètes, et par d’autres programmes d’observation pour examiner leur structure, leurs mouvements et leur formation.

« Nos théories sont fondées sur des données récoltées par les plus grands télescopes et observatoires du monde, indique-t-elle. Nous utilisons notamment beaucoup de données recueillies lors de missions spatiales. »

Mme Wu mentionne que les retombées de l’astronomie sont souvent ignorées ou incomprises. « Nous sommes avant tout des êtres humains qui s’intéressent au monde, nous avons une curiosité innée, affirme-t-elle. Et si nous n’allons pas au bout de cette curiosité, alors nous sommes une espèce plutôt ennuyeuse. »

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Headshot of Peggy St. Jacques, 2022 winner of a Sloan Research Fellowship in psychological science

Percer le mystère des souvenirs du monde réel

Comment les souvenirs d’expériences vécues sont-ils formés par le cerveau? Voilà une question à laquelle Peggy St. Jacques tentera de répondre grâce à la Bourse de recherche Sloan qu’elle a obtenue en 2022.

« J’étudie les souvenirs de faits vécus, la manière dont le cerveau forme ces souvenirs épisodiques », explique Mme St. Jacques, professeure de psychologie à la University of Alberta. « Nous en savons beaucoup sur la manière dont le cerveau emmagasine ces expériences, mais nous ne pouvons pas vraiment examiner ce qui s’y passe lorsque les gens sont en train de les vivre. Toutefois, grâce aux avancées technologiques, nous pouvons maintenant reproduire le monde réel en laboratoire. »

C’est ce que Mme St. Jacques tentera de réaliser grâce à sa Bourse de recherche Sloan. Son équipe produit des vidéos du monde réel en 360 degrés dans le but de créer des environnements immersifs en réalité virtuelle.

« Notre laboratoire est muni d’un casque qui présentera les vidéos en 3D afin d’offrir une expérience immersive. Les gens pourront ainsi vivre l’expérience à la première personne, comme s’ils étaient dans le monde réel, alors qu’ils seront en fait en observation grâce à un appareil d’imagerie par résonance magnétique (IRM), explique-t-elle. Nous pourrons ainsi examiner l’activité neuronale dans le cerveau en temps réel et comprendre comment les souvenirs sont formés. »

Les troubles de la mémoire réelle caractérisent certaines maladies comme la maladie d’Alzheimer, dit-elle, « mais nous ne savons pas vraiment comment le cerveau emmagasine les expériences vécues. J’espère que les découvertes que nous ferons pourront aider à mieux comprendre ce type de troubles et de maladies. »

Mme St. Jacques se dit honorée de recevoir « une récompense aussi prestigieuse » que la Bourse de recherche Sloan. Le financement servira à embaucher du personnel de laboratoire et à couvrir les dépenses liées à l’IRM.

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Headshot of Örjan Sandred, 2022 winner of a Guggenheim Fellowship in music

Un compositeur suédois-canadien crée une nouvelle forme de musique grâce à l’intelligence artificielle

Örjan Sandred, professeur de composition à la University of Manitoba, s’est vu décerner en 2022 une Bourse de recherche Guggenheim pour l’appuyer dans la réalisation d’un projet axé sur la musique électronique en direct contrôlée par l’intelligence artificielle. Le compositeur d’origine suédoise-canadienne collabore avec le quatuor à cordes Stenhammar à la création de la composition.

Une grande partie du travail de M. Sandred est axé sur la recherche de nouvelles méthodes de composition, y compris les techniques de composition à base de règles assistée par ordinateur, où celui-ci assiste la personne qui compose. Ses pièces musicales font appel à la musique électronique en direct et, à l’occasion, au traitement vidéo en direct, des techniques qui emploient des microphones et des caméras vidéo afin d’opérer un contraste entre les stimuli visuels et auditifs.

M. Sandred explique que l’intelligence artificielle l’a amené à approfondir la manière dont les paramètres musicaux comme la pulsation, le rythme, la tonalité et le timbre interagissent pour générer de puissantes expressions musicales. « La musique se forme ultimement dans le cerveau, voilà pourquoi il s’agit selon moi d’un excellent outil permettant de mieux comprendre le cerveau humain. Les structures musicales sont le reflet de son fonctionnement. »

Par l’entremise d’une commande du Conseil des arts du Manitoba à la pianiste Megumi Masaki, M. Sandred a pu mener à bien une étude préliminaire pour son projet lié à la Bourse de recherche Guggenheim, qui lui a permis d’examiner la façon dont un ordinateur peut apprendre le style d’une prestation de piano au moyen de cartes auto-organisatrices, pour ensuite formuler une réponse musicale basée sur ces apprentissages.

La musique de M. Sandred se retrouve sur les albums Sonic Trails (2020) ainsi que Cracks and Corrosion (2009), et la deuxième édition de son livre, The Musical Fundamentals of Computer Assisted Composition, est maintenant disponible.

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Headshot of Nicolas Papernot, winner of 2022 Sloan Research Fellowship in electrical and computer engineering

Un chercheur décèle des erreurs en intelligence artificielle afin de renforcer la confiance du public

Pour que l’intelligence artificielle (IA) atteigne son plein potentiel en matière de bienfaits pour la société, elle doit gagner la confiance du public. Le renforcement de cette confiance est l’objet de recherche du chercheur en informatique Nicolas Papernot, lauréat d’une Bourse de recherche Sloan en 2022.

« Je m’intéresse essentiellement aux liens entre l’IA, ou l’apprentissage automatique, et la sécurité informatique, la confidentialité et la confiance en général, explique le professeur de la University of Toronto. Mon équipe et moi tentons d’élucider les raisons pour lesquelles les algorithmes d’apprentissage automatique échouent dans le but d’améliorer la confiance des humains et de la société en général envers ces algorithmes lorsqu’ils sont déployés et qu’on doit se fier à leurs prévisions. »

Par exemple, l’apprentissage automatique permet de reconnaître la voix humaine lorsque l’on s’adresse à une assistance virtuelle au téléphone, ou encore à des haut-parleurs intelligents. « Dans l’une de nos études, nous avons découvert que si vous vous adressez à une assistance vocale en parlant à travers un tube, cette dernière associera votre voix à celle d’une autre personne. Vous pouvez même ajuster la longueur du tube pour faire croire au modèle d’apprentissage que vous êtes une personne précise. »

« Voilà qui démontre que les algorithmes d’apprentissage ont des façons bien différentes de déchiffrer les modèles perçus dans les données traitées, comparativement à l’être humain. Il y a donc une sorte d’écart sémantique entre la manière dont ils formulent leurs prévisions et la manière dont des entités malveillantes peuvent exploiter le tout. »

L’équipe de M. Papernot a également été en mesure de démontrer que, dans certaines circonstances, un classificateur d’images pourrait confondre un panneau d’arrêt avec un panneau de cession de passage.

Les activités de recherche du chercheur visent à cibler ce qui doit être corrigé dans les algorithmes afin de pallier les problèmes de sécurité et de confidentialité qui minent la confiance des gens à l’égard de l’IA. Les réserves du public en ce qui a trait à la technologie peuvent restreindre sa mise à contribution dans des domaines comme la médecine ou les services publics.

« À l’heure actuelle, nous ne savons pas vraiment à quel moment on peut avoir confiance en la véracité des prévisions générées par l’apprentissage automatique. C’est donc l’une des principales raisons qui motivent nos travaux de recherche, notamment pour se doter de mécanismes à sécurité intégrée fiables permettant de déterminer lorsqu’une prévision sera inexacte ou exacte. »

M. Papernot se dit « très touché » par l’obtention de la Bourse de recherche Sloan.

« Cette distinction me confirme que nous pouvons continuer de cibler des problèmes présentant un haut risque en matière de recherche, explique-t-il, car c’est ainsi que l’on réalise les plus grandes percées. Cette validation externe qui confirme que l’on s’intéresse aux bons problèmes est toujours la bienvenue lorsque l’on prend davantage de risques. »

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Headshot of Claudia Mitchell, winner of the 2022 José Vasconcelos World Award of Education

Une professeure démontre que les petits projets peuvent mener à de grands changements sociaux

La professeure Claudia Mitchell de l’Université McGill a reçu le Prix mondial de l’éducation José-Vasconcelos en 2022 en reconnaissance de son engagement de longue date envers l’éducation comme un moyen de transformer la vie des jeunes, particulièrement les jeunes provenant de groupes marginalisés.

Le comité de sélection a salué les travaux de Mme Mitchell visant à régler des problèmes sociaux épineux qui touchent les filles dans divers pays, ses projets novateurs et adaptatifs couronnés de succès ainsi que ses activités d’enseignement et de recherche.

« Comme je m’intéresse beaucoup aux enjeux de justice sociale, explique Mme Mitchell, je travaille surtout sur les questions d’équité entre les genres, de violence fondée sur le genre ainsi que de l’augmentation du nombre de filles fréquentant l’école, mais aussi sur la manière de susciter la participation des garçons et des jeunes hommes à ce type d’enjeux. »

Elle a souvent recours à la cinématographie dans le cadre de ses projets, utilisant principalement des téléphones cellulaires pour faire des vidéos. « Nous faisons également de la recherche par amorce photo et utilisons des photos ou des dessins pour explorer des enjeux difficiles à expliquer, mais souvent beaucoup plus percutants en images. »

La participation des collectivités fait partie intégrante des travaux de Mme Mitchell. « Il est très important de faciliter le dialogue et de collaborer avec elles. »

Une grande partie de son travail se déroule en Afrique subsaharienne. « À l’heure actuelle, nous faisons beaucoup de travail en Sierra Leone, où on dénote des problèmes particulièrement importants en ce qui a trait au genre », affirme-t-elle.

Mme Mitchell estime que l’obtention du Prix mondial de l’éducation José-Vasconcelos renforce la valeur de ses travaux. Elle indique aussi aux jeunes chercheuses et chercheurs que ce type de recherche en vaut la peine et que c’est parfois en travaillant avec un petit nombre de personnes qu’on peut susciter le changement.

Elle donne un exemple : « En Afrique du Sud, dix filles ont mené un projet dans le cadre duquel elles ont réalisé des films sur pellicule au sujet du mariage forcé et précoce. Les membres de leur communauté les ont vus, et le chef et d’autres personnes ont décidé de changer les choses. Ces personnes se sont rendues à l’Assemblée législative de Pietermaritzburg et ont réussi à faire entériner un protocole au sujet des mariages forcés et précoces dans une région. »

« Ces retombées sont très importantes, tout comme le fait que les gens en soient témoins, puisqu’elles témoignent de la valeur de ce genre de travail. »

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Headshot of Geoff Mann, winner of 2022 Guggenheim Fellowship for geography

Affronter un avenir incertain : un chercheur de la Simon Fraser University explore la manière dont la société compose avec les défis

Le spécialiste de la géographie humaine Geoff Mann a remporté une Bourse de recherche Guggenheim en 2022 pour ses travaux sur la science et l’économie des changements climatiques. Directeur du Centre d’économie politique mondiale de la Faculté de l’environnement de la Simon Fraser University, M. Mann étudie l’incertitude à laquelle les êtres humains sont confrontés aujourd’hui, particulièrement celle entourant les changements climatiques, ainsi que l’évolution de la manière dont ils tentent de composer avec elle, que ce soit sur les plans politique, économique, institutionnel ou culturel.

« Je m’intéresse tout particulièrement à l’incertitude au sens large. Nous vivons à une époque où l’avenir semble de moins en moins reluisant, surtout avec les problèmes découlant des changements climatiques. Le passé peut de moins en moins nous fournir les outils dont nous avons besoin pour l’affronter puisqu’il est de plus en plus différent de ce que nous avons déjà vécu. »

M. Mann examine la manière dont les économistes, les responsables politiques, les scientifiques et la classe politique tentent de composer avec cette incertitude. Il pense que les mouvements « réactionnaires d’extrême droite » observés actuellement sont motivés par le désir de certaines personnes d’arrêter le temps et de retrouver la prévisibilité réconfortante d’un temps passé.

« Je m’intéresse au capitalisme, dit-il, en particulier à sa théorie, à son histoire, à ses politiques et à son économie. » Récemment, son attention s’est tournée vers le problème des changements climatiques et la manière dont la pensée économique est utilisée pour élaborer ou gérer des politiques destinées à s’y attaquer.

« Je suis très critique du rôle de l’économie à cet égard, car je pense qu’elle n’a en fait qu’un effet placebo, explique-t-il. Elle apaise faussement les inquiétudes et laisse croire que nous avons des réponses, alors qu’elles sont en fait largement insuffisantes pour régler le problème. »

Au cours des dernières années, M. Mann s’est exprimé dans la presse au sujet des approches économiques qui, à son avis, devraient servir de normes dans tous les domaines, y compris l’inégalité, la politique monétaire et les changements climatiques. Grâce au soutien de la Bourse de recherche Guggenheim, il travaillera à la rédaction d’un nouvel ouvrage sur les vaines tentatives de la société pour composer avec l’incertitude actuelle.

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Headshot of Alexander Kupers, a 2022 winner of a Sloan Research Fellowship in computer and mathematical sciences

La Fondation Sloan souligne les activités de recherche en topologie

Grâce à ses travaux de recherche en topologie, soit les mathématiques des figures géométriques, Alexander Kupers, chercheur à la University of Toronto à Scarborough, s’est vu décerner une Bourse de recherche Sloan.

Selon lui, un aspect surprenant de la topologie est le fait que les figures simples, comme les disques et les sphères, peuvent en fait présenter des symétries complexes.

« En principe, si vous maîtrisez la symétrie d’une certaine figure, alors vous comprenez très bien cette figure, explique-t-il. Vous pouvez ensuite utiliser cette symétrie pour comprendre tous les problèmes dans lesquels est comprise cette figure. »

« En étudiant ces figures, surtout en hautes dimensions, on réalise qu’une multitude de rapprochements intéressants peuvent être établis avec d’autres branches des mathématiques, ou avec la physique théorique. »

M. Kupers se réjouit de l’obtention de la Bourse : « C’est un honneur de remporter une distinction de ce calibre. Bon nombre de mathématiciennes et mathématiciens d’exception ont obtenu une Bourse de recherche Sloan par le passé. »

Le chercheur compte utiliser les fonds de la Bourse de recherche Sloan pour embaucher d’autres postdoctorantes et postdoctorants et favoriser un environnement de recherche offrant un meilleur soutien aux doctorantes et doctorants de son équipe de recherche.

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Headshot of Yong-Baek Kim, winner of a 2022 Guggenheim Fellowship in physics

Un chercheur en matériaux quantiques remporte la seule Bourse de recherche Guggenheim en physique décernée en 2022

Yong Baek Kim, professeur à la University of Toronto, a remporté une Bourse de recherche Guggenheim en 2022 pour ses travaux sur les nouvelles propriétés des matériaux quantiques. Les activités de recherche de M. Kim, qui est également directeur du Centre de matériaux quantiques de l’Université, portent sur la physique théorique de la matière quantique condensée, à savoir l’étude de la matière et de son comportement exotique lorsque des électrons, tel qu’ils sont représentés par le modèle quantique de l’atome, sont assujettis à des conditions extrêmes comme de basses températures ou une pression élevée.

« Nous tentons d’élucider des propriétés physiques émergentes difficilement compréhensibles, explique M. Kim. Dans le cas de nombreux matériaux, les interactions entre les électrons sont d’une importance fondamentale, et même si l’on comprend le mouvement d’un seul électron, on ne peut prédire les mouvements d’un grand nombre d’entre eux. »

Les travaux de M. Kim pourraient servir aux technologies quantiques, y compris à l’informatique quantique. Ses principales contributions comprennent l’élaboration de la théorie des liquides de spin quantiques dans des matériaux quantiques à fort couplage spin-orbite ainsi que des propositions théoriques liées à la détection expérimentale de nouvelles quasi-particules dans des phases quantiques organisées selon leur topologie, qui pourraient servir à des technologies quantiques futures.

M. Kim est le seul chercheur à avoir reçu une Bourse de recherche Guggenheim en physique en 2022.

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Headshot of Victoria Kapsi, a 2022 winner of the Albert Einstein World Award of Science for astronomy

Une astrophysicienne étudie les mystérieux sursauts radio rapides

Victoria Kaspi, professeure à l’Université McGill et sommité mondiale de l’étude des étoiles à neutrons, a remporté le Prix mondial des sciences Albert-Einstein en 2022. Directrice de l’Institut spatial Trottier de McGill, Mme Kaspi a contribué à faire du Canada un chef de file mondial en astrophysique.

Le Prix mondial des sciences Albert-Einstein lui a été accordé principalement en reconnaissance de ses travaux portant sur les magnétoiles, de jeunes étoiles à neutrons disposant d’un champ magnétique considérable qui émettent des rayons X et des rayons gamma de haute intensité.

« Ce sont des objets spectaculaires et très intéressants, dit-elle. J’ai adoré les étudier, et c’est ce que j’ai fait pendant au moins une quinzaine d’années. »

Plus récemment, Mme Kaspi s’est intéressée aux sursauts radio rapides, des émissions soudaines d’ondes radio de durée variant d’une fraction de milliseconde à trois secondes qui proviennent de sources à l’extérieur de la galaxie de la Terre. Le processus astrophysique qui en est à l’origine est encore incompris. On estime que les sursauts radio rapides produisent en une milliseconde autant d’énergie que le soleil en produit en trois jours.

Mme Kaspi dirige le projet de sursauts radio rapides CHIME qui, à l’aide du télescope CHIME, a permis d’en détecter davantage qu’avec tous les autres types de radiotélescopes réunis.

Au sujet de l’obtention du Prix mondial des sciences Albert-Einstein, la chercheuse affirme qu’il est parfois « embarassant » d’être choisie comme lauréate d’un prix parce que ses réalisations sont le fruit d’un travail d’équipe. « Il n’en demeure pas moins que ces reconnaissances procurent de nombreux avantages tangibles pour mon projet de recherche et, du même coup, pour la recherche canadienne. » Cela comprend, ajoute-t-elle, celui de faciliter le recrutement d’étudiantes et d’étudiants, et de postdoctorantes et postdoctorants pour son équipe.

« Je crois également que ça rehausse d’un cran les critères d’excellence pour tout le monde et permet de faire venir au Canada des personnes fantastiques qui ne seraient peut-être jamais venues autrement. Parfois, elles décident de s’y établir et de lancer leurs propres projets de recherche. C’est tout simplement formidable pour le pays. »

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Un chercheur en informatique perfectionne les applications du traitement de maillages 

Le chercheur en informatique Alec Jacobson de la University of Toronto a remporté en 2022 une Bourse de recherche Sloan pour ses contributions en matière de traitement de maillages, une technique qui trouve ses applications autant en simulation climatique, en biomédecine et en robotique qu’en architecture.

« Tout repose sur la manière de représenter des formes à deux et trois dimensions à l’ordinateur, pour ensuite les manipuler, les analyser et espérer leur trouver une application concrète », explique M. Jacobson.

« Le traitement de maillages est issu de l’infographie, où les formes peuvent revêtir l’aspect de personnages ou de décors, ou encore d’effets visuels ou de jeux vidéo. Le procédé est également utilisé en fabrication numérique ou en conception d’objets ou d’équipements, y compris en soins de santé et en sciences médicales, lorsque l’on doit représenter l’anatomie humaine ou des parties du corps. »

« Il faut s’assurer que les algorithmes que nous créons sont en mesure de déchiffrer les données désordonnées recueillies sur le terrain. Il existe heureusement d’excellents moyens de recueillir des données pour la géométrie tridimensionnelle. Désormais, même les téléphones cellulaires permettent de récolter des données 3D. Par contre, le tout génère beaucoup de données inutiles pouvant causer des problèmes aux algorithmes existants, et c’est pourquoi la majorité du travail consiste à s’assurer que les algorithmes fonctionnent correctement avec des données désordonnées. »

M. Jacobson révèle que l’obtention d’une Bourse de recherche Sloan fut une grande surprise, puisqu’il a présenté sa candidature à quelques reprises sans qu’elle soit retenue.

« C’est toujours décevant de voir sa candidature rejetée, admet-il. Les exigences quant au nombre d’années écoulées depuis l’obtention d’un doctorat par les candidates et candidats ont été assouplies, et j’ai pu présenter à nouveau une demande. L’obtention de cette bourse est à la fois un réel honneur et une expérience vertigineuse, car la liste des lauréates et lauréats précédents fixe la barre très haut. »

Le chercheur compte utiliser les fonds associés à la bourse pour embaucher des doctorantes et doctorants et leur offrir un salaire compétitif. Il ajoute que le financement permettra aussi à lui et à des membres de son équipe d’assister à des conférences pour diffuser les résultats de leurs travaux de recherche.

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Un précurseur de l’intelligence artificielle explore un nouveau type d’algorithme d’apprentissage profond

Un précurseur du domaine de l’intelligence artificielle, Geoffrey Hinton, a remporté deux prestigieuses distinctions internationales en recherche en 2022, soit une médaille de la Société royale du Royaume-Uni et un prix Princesse des Asturies en recherche scientifique et technique. Le professeur émérite de la University of Toronto partage le prix Princesse des Asturies avec trois autres sommités en apprentissage profond, une branche de l’intelligence artificielle, soit Yoshua Bengio (Université de Montréal), Yann LeCun (Université de New York) et Demis Hassabis (DeepMind).

Ses travaux révolutionnaires en apprentissage profond, qui vise à reproduire la manière dont l’être humain acquiert certaines connaissances, ont stimulé le progrès dans de nombreuses sphères.

« J’essaie de comprendre la manière dont le cerveau apprend, explique-t-il au sujet de ses travaux de recherche. Les différentes tentatives visant à comprendre la mécanique d’apprentissage du cerveau se sont révélées utiles en ingénierie. »

« L’algorithme de rétropropagation, notamment, est à l’origine de la formation de presque tous les grands réseaux neuronaux. » Le chercheur explique que la rétropropagation était d’abord une hypothèse sur la façon dont le cerveau acquiert des connaissances, mais à présent, personne ne sait si le cerveau effectue véritablement de la rétropropagation.

« Et je pense qu’il n’en fait pas, admet-il. C’est pourquoi j’estime que la technologie actuelle fonctionne différemment du cerveau, mais que le principe peut certainement être fort utile en ingénierie. Tous ces grands modèles de langage et de vision artificielle ont recours à la rétropropagation. »

M. Hinton indique de la rétropropagation fonctionne uniquement si le réseau neuronal possède un parfait modèle de lui-même. « Je crois que le cerveau n’en possède pas, avance-t-il, et que le matériel analogique n’y parviendra pas. Donc, si l’on veut apprendre par l’entremise de matériel analogique, il faudra mettre au point un autre type d’algorithme. »

La réponse à ce problème est l’objet des études actuelles menées par M. Hinton.

« On se demande quel type d’algorithme d’apprentissage peut utiliser le matériel analogique. Le cerveau est de toute évidence doté d’un très bon algorithme d’apprentissage, mais il n’est peut-être pas aussi sophistiqué que celui des réseaux neuronaux profonds actuels. »

« Pendant une longue période, l’objectif était de mettre au point des réseaux neuronaux artificiels aussi performants que les réseaux humains. Selon moi, les réseaux artificiels fonctionneront mieux que leur équivalent humain. »

M. Hinton est aussi conseiller scientifique en chef à l’Institut Vecteur pour l’intelligence artificielle ainsi que vice-président et ingénieur associé à Google. En 2018, il a remporté le prix Turing, souvent considéré comme le « prix Nobel en informatique ».

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Un anthropologue s’intéresse aux origines du mouvement mondial du militantisme politique autochtone

Grâce au soutien d’une Bourse de recherche Guggenheim remportée en 2022, l’anthropologue Michael Hathaway pourra se consacrer pendant un an à l’approfondissement de ses travaux de recherche sur la formation de réseaux autochtones sur la côte du Pacifique.

À titre de directeur du Centre David Lam en études asiatiques de la Simon Fraser University, M. Hathaway s’intéresse au déterminisme environnemental mondial ainsi qu’aux droits autochtones en Asie. Ses activités de recherche actuelles portent sur des délégations autochtones ayant visité la Chine depuis le Japon, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande dans les années 1970. Une fois de retour dans leur pays, ces groupes autochtones ont remis en question les systèmes coloniaux, inspirés par ce qu’ils ont observé en Chine.

M. Hathaway explique que ces délégations étaient reçues sur l’invitation du dirigeant du Parti communiste chinois Mao Zedong. « Il a invité une délégation du Canada, trois du Japon, une de l’Australie et une de la Nouvelle-Zélande. » Partout dans le monde, de nouvelles figures militantes issues de communautés autochtones ont commencé à lire Le petit livre rouge, une compilation de citations du dirigeant du Parti communiste chinois faisant l’apologie d’une version maoïste du socialisme.

« Il a tenté de les convaincre qu’en Chine, les peuples qualifiés de “minorités ethniques” avaient une meilleure situation qu’ailleurs dans le monde. Des délégations ont visité une université bien financée où le corps professoral issu de minorités ethniques enseignait à un groupe étudiant également issu de minorités ethniques, et lisait des livres dans des langues propres à ces minorités. Or, comme rien de tel n’existait dans les pays d’origine des délégations, le tout laissait souvent une forte impression. »

« Ces visites ont commencé à influencer leur point de vue, poursuit M. Hathaway. Plutôt que d’adopter une perspective locale ou nationale, ces groupes ont commencé à se considérer comme des peuples du monde. Certains groupes ont par la suite accueilli des délégations étrangères dans leur pays pour poursuivre leurs travaux communs. »

M. Hathaway, qui se trouve actuellement en Nouvelle-Zélande, où quelques personnes ayant participé à une visite en Chine en 1975 sont toujours en vie, y passera plusieurs mois afin d’étudier les liens du pays avec le mouvement. Le chercheur tente de déterminer l’influence qu’a eue la visite sur les stratégies politiques, les priorités et les objectifs de la délégation.

Au Japon, des efforts de revitalisation des langues ont été entrepris par une délégation de retour de Chine. C’est environ à la même époque que s’est formé au Canada le Conseil mondial des peuples autochtones sous la direction de George Manuel, membre de la Nation secwepemc de la Colombie-Britannique, un regroupement qui s’inscrit dans la foulée du mouvement.

Les travaux de M. Hathaway en Nouvelle-Zélande lui ont d’ailleurs permis d’accéder à des archives témoignant de faits ayant eu lieu au Canada, un avantage inattendu. « C’est fascinant d’avoir pu trouver des archives maories en Nouvelle-Zélande à propos d’événements qui se sont déroulés au Canada, mais qui ne se trouvent dans aucune archive canadienne. »

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Un médecin est récompensé pour ses travaux promouvant la qualité en recherche

En 2022, Gordon Guyatt, professeur à la McMaster University, a obtenu un Prix de la Fondation Einstein pour la promotion de la qualité en recherche pour ses travaux pionniers en médecine fondée sur les données probantes.

Le Dr Guyatt, à qui l’on doit l’expression « médecine factuelle », figure parmi les scientifiques dont les travaux sont les plus cités au monde. Sa première définition de l’expression est parue dans un article publié en 1991. Aujourd’hui, l’expression est utilisée à l’échelle mondiale pour désigner les soins de santé fondés sur les données probantes les plus récentes et de la plus haute qualité.

« En médecine factuelle, il faut procéder à des revues systématiques des meilleures données probantes pour orienter sa pratique », explique-t-il. Dr Guyatt a joué un rôle de premier plan dans l’élaboration de méthodes permettant d’effectuer de bonnes revues systématiques.

« Il s’agit d’un autre moyen de rehausser la qualité en recherche. »

En collaboration avec Andrew Oxman de l’Institut de santé publique de la Norvège et Holger Schunemann, professeur à la McMaster University, le Dr Guyatt a aussi grandement contribué à la mise au point de l’approche GRADE en recherche médicale.

Cette approche propose un cadre pour élaborer et présenter des synthèses de données probantes ainsi qu’une structure permettant de formuler des recommandations de pratique clinique à partir de données probantes. Grâce à cette approche, les prestataires de soins de santé peuvent accéder à des recommandations claires et concises sur le traitement d’une affection donnée, améliorant ainsi les soins médicaux prodigués aux patientes et patients.

Les travaux du Dr Guyatt visant à améliorer la recherche comprennent également d’importantes contributions à la qualité des essais cliniques aléatoires et à l’évaluation de l’état de santé de patientes et patients.

L’approche GRADE est utilisée par plus de 110 organisations à l’échelle mondiale, y compris l’Organisation mondiale de la santé.

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Un chercheur en mathématiques pures envisage les applications à long terme

Lorsqu’il est question des avancées du domaine de la géométrie algébrique au fil des siècles, Michael Groechenig, professeur et mathématicien à la University of Toronto, « les comparerait en quelque sorte à la philosophie ». « Les problèmes que nous tentons de résoudre aujourd’hui proviennent de quelque part. » Le milieu de la recherche s’est heurté à ces problèmes au cours d’un long processus; ils ont leur propre passé. Le domaine a radicalement changé au cours du dernier siècle.

« Les mises en application sont possibles, affirme M. Groechenig, mais seul un petit pourcentage des travaux de recherche en mathématiques mène à des applications concrètes. » Cependant, lorsque c’est le cas, il s’agit habituellement d’une percée majeure.

« Bien souvent, ces applications sont trouvées non pas des décennies plus tard, mais des centaines d’années plus tard. Ainsi, dans un certain sens, j’ai l’impression que la raison d’être d’un spécialiste des mathématiques pures comme moi consiste aussi à préserver ce savoir et à s’assurer que nous n’oublions pas qu’il puisse se perdre. C’est une façon de perpétuer la tradition, de passer le flambeau à la prochaine génération de mathématiciennes et mathématiciens et même aux ingénieures et ingénieures et aux autres personnes qui travaillent peut-être aux mises en application. »

Les travaux de M. Groechenig portent sur les espaces de modules.

Il estime que l’obtention d’une Bourse de recherche Sloan revêt un caractère spécial puisqu’elle représente en quelque sorte l’approbation de ses collègues.

« C’est bien de recevoir de temps à autre des encouragements pour son travail. On passe souvent de longues périodes à ne recevoir que peu de rétroaction. L’échec fait partie intégrante de la recherche. Parfois c’est bon de voir ses réalisations reconnues par ses homologues. »

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Une pionnière en fragmentation du paysage remporte un prix Frontiers of Knowledge de la Fondation BBVA

Lenore Fahrig, professeure de biologie à la Carleton University, s’est vu décerner un prestigieux prix Frontiers of Knowledge de la Fondation BBVA en 2022 pour ses contributions au domaine de l’écologie spatiale. Mme Fahrig s’intéresse aux incidences de la fragmentation des habitats et de la rupture de liens entre les zones résiduelles sur la biodiversité.

Elle partage le prix, d’une valeur de 400 000 euros, avec deux autres écologistes, Simon Levin et Steward Pickett, pour leurs travaux intégrant la dimension spatiale à la recherche sur les écosystèmes.

Les études de Mme Fahrig sur la fragmentation du paysage visent à répondre aux questions pratiques suivantes : est-ce préférable d’aménager une grande aire protégée, ou plutôt de multiples aires de petite taille? Devrait-on créer des « corridors écologiques » entre les aires protégées? Comment la disposition des routes affecte-t-elle les écosystèmes?

Le comité de sélection souligne que la lauréate a su « mettre au point des moyens fondés sur la théorie et les données pour véritablement atténuer les effets de la perte d’habitats grâce à la conservation de la connectivité. « Ses études mettent en lumière le rôle central des réseaux de routes et des petites aires protégées dans la modification de la répartition et de la quantité des espèces ».

Par ses travaux sur l’incidence de la structure du paysage sur la quantité, la répartition et la persistance des organismes, la scientifique a pu démontrer l’importance des petites zones protégées. Comme la structure du paysage est lourdement affectée par l’activité humaine, comme la foresterie, l’agriculture ou le développement, les conclusions de ses études servent à la prise de décisions liées à l’aménagement du territoire.

« On a tendance à croire que les grandes espèces ou celles en voie de disparition se portent mieux dans un vaste espace, comme les espèces qui évoluent mieux à l’intérieur d’une forêt par exemple, explique-t-elle. L’idée semble logique, car si vous avez dix petits espaces, vous aurez davantage de zones limitrophes et moins de zones de forêt intérieure nécessaires à la survie de ces espèces. Pour cette raison, certaines personnes croient qu’il y a davantage de biodiversité dans un grand espace plutôt que dans de nombreux petits espaces. »

« Voilà qui est problématique, parce que si l’on assume qu’il y a peu de biodiversité dans les petites zones d’habitat, cela signifie que des milliers de petits espaces ne seront pas protégés, alors qu’ils renferment pourtant une grande variété d’espèces, poursuit la chercheuse. Si ces zones sont détruites, la perte de biodiversité est énorme. »

Mme Fahrig est à l’origine de la création de nouvelles sous-disciplines, comme la conservation de la connectivité. Des centaines d’organisations du monde entier se sont appuyées sur ses travaux de recherche pour améliorer leurs politiques et pratiques de conservation.

Mme Fahrig a également remporté une Bourse de recherche Guggenheim en 2021.

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Un chercheur en informatique travaille sur des modèles génératifs en apprentissage profond

David Duvenaud, professeur adjoint en informatique à la University of Toronto, est lauréat d’une Bourse de recherche Sloan de 2022 pour ses travaux de recherche en apprentissage profond.

Ses travaux, explique-t-il, visent à concevoir des modèles génératifs, lesquels peuvent en principe, contrairement aux classifieurs ou aux prédicteurs décisionnels, répondre à n’importe quelle question dans un domaine, en plus de savoir classer ou prédire l’information.

« Par exemple, dans un contexte médical, on pourrait concevoir un classifieur qui prédirait la probabilité d’une maladie d’après toutes les données connues sur une patiente ou un patient. Mais si l’on concevait plutôt un modèle génératif, on pourrait demander la probabilité conjointe de plusieurs maladies en même temps, ou demander quelles sont les données représentatives des patientes et des patients qui présentent la maladie. Cela nous permet de vérifier la qualité du modèle, et de prendre des décisions plus poussées. »

Un modèle génératif, observe-t-il, facilite généralement l’intégration de plusieurs types de données.

M. Duvenaud compte utiliser le financement associé à sa bourse, une subvention de recherche sans restriction, pour permettre à son équipe de créer des « modèles profonds à temps continu en mode natif. »

« Le traitement des données recueillies sur une longue période, comme les dossiers médicaux, s’est généralement fait en divisant le temps entre différentes corbeilles, et en faisant la moyenne de toutes les données contenues dans une même corbeille. Si elle est typiquement simple et rapide, cette manière de faire exige d’écraser les données dans un format préétabli, avant même que le modèle puisse les saisir. À la place, nous élaborons des modèles qui pourront intégrer les données dans un format beaucoup plus brut. Il faut pour cela que la configuration soit un peu plus réfléchie, et le fait qu’on utilise un modèle génératif exige une étape de plus, appelée l’inférence approximative. Il faut toutefois reconnaître que ces méthodes complexes reposaient beaucoup sur les épaules des utilisatrices et utilisateurs, qui devaient se charger de leur propre prétraitement. On tente donc en quelque sorte d’automatiser la démarche de modélisation scientifique. »

Au sujet de la Bourse de recherche Sloan, M. Duvenaud déclare : « J’ai accepté, il y a deux ans, que je ne l’aurais jamais. J’avais atteint l’âge maximal d’admissibilité. Mais l’an dernier, les règles ont changé pour inclure quiconque n’a pas obtenu sa permanence. Je suis particulièrement reconnaissant envers les personnes qui m’ont aidé en écrivant des lettres, à qui j’ai eu l’odieux de demander un coup de main assez chronophage. »

Il souligne que ce type de prix aide à « présenter au monde extérieur des personnes qui sont perçues comme étant productives et générant des retombées dans leur domaine. »

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Un chercheur change notre façon de comprendre et de traiter le cancer

John Dick, un pionnier de renommée mondiale en biologie des cellules souches cancéreuses, est lauréat d’un Prix international Canada Gairdner 2022. Ses travaux révolutionnaires sur les cellules souches leucémiques ont transformé notre façon de comprendre, de diagnostiquer et de traiter la leucémie aiguë myéloïde.

« Nos travaux de recherche visent à comprendre ce qui caractérise une cellule souche, et ce qui peut la corrompre », explique le professeur de la University of Toronto.

Depuis plus de trois décennies, les travaux de M. Dick révolutionnent la compréhension de l’hématopoïèse normale et leucémique. Comme scientifique principal et titulaire de la chaire de recherche du Canada en biologie des cellules embryonnaires au Centre de cancérologie Princess Margaret de Toronto, ses découvertes ont changé les perspectives sur l’origine et la nature du cancer et rendu possible de nouvelles approches en matière de traitement.

On doit à M. Dick la découverte des cellules souches leucémiques chez une personne présentant une leucémie aiguë myéloïde. C’est ainsi qu’il a pu être établi que les cellules cancéreuses ne sont pas toutes égales : seules certaines cellules leucémiques rares peuvent s’autorenouveler, une caractéristique distinctive des cellules souches.

Sa découverte montre que « quand on fait la transplantation sur une souris, seulement une cellule sur un million peut vraiment reproduire la leucémie. C’est ce qui nous conduit à l’idée que la leucémie n’est qu’une caricature du développement normal. On a une cellule souche qui peut régénérer une grande quantité de sang : c’est une cellule puissante. Or, il s’avère que la leucémie fonctionne d’une manière semblable; il existe de rares cellules souches leucémiques qui font que le cancer se développe. »

« Quand nous avons commencé à nous y intéresser de plus près, nous avons constaté que tout comme les cellules souches normales, ces cellules souches leucémiques sont soit en dormance, soit lentes à se reproduire. Cela leur permet d’échapper à la chimiothérapie conventionnelle. C’est pour cette raison que la leucémie semble disparaître, avant de revenir en force à partir de cellules souches leucémiques survivantes. »

La mise au jour de dissemblances entre cellules cancéreuses a marqué « un tournant dans la compréhension et l’étude du cancer. » C’est ce qui a mené à l’exploration de cellules souches dans d’autres cancers humains (sein, cerveau, côlon, pancréas, peau, foie).

Les travaux de M. Dick montrent l’importance d’éradiquer en thérapie les cellules souches cancéreuses, et de mettre au point des traitements qui ciblent les failles de ces cellules.

Même s’il a toujours travaillé dans des laboratoires de recherche, celui de l’hôpital pour enfants SickKids, à Toronto, a donné un sens à sa carrière dès le début. Quand il traversait le bâtiment, il passait devant le service d’hématologie et d’oncologie.

« Je voyais des enfants, parfois très malades, sans cheveux, déambulant avec leur soluté. On pouvait voir les ravages causés par le cancer; ça nous mène vraiment à canaliser nos efforts. Chaque jour, on voit la même scène, et on comprend que ce travail n’est pas qu’abstrait, c’est bien plus qu’une énigme à résoudre : il fait vraiment une différence. »

« Et quand on mesure l’importance de ce travail, il y a un impératif qui s’impose : on sait combien c’est important et qu’il faut continuer. Il y a aussi un sentiment d’urgence qui s’installe, où on s’oblige à faire mieux. Il y a encore trop d’échecs de traitement pour trop de personnes, et il faut améliorer ça. »

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Les travaux d’un biochimiste s’intéressant aux nanoparticules lipidiques captivent le monde

Au fil de sa carrière, Pieter Cullis a reçu de nombreuses récompenses internationales pour ses travaux révolutionnaires ayant contribué à la mise au point de vaccins à ARN messager (ARNm) hautement efficaces contre la COVID-19. Sa plus récente récompense, un Prix international Gairdner Canada, revêt toutefois une importance particulière.

« Il s’agit d’un prix canadien, souligne le biochimiste et physicien de la University of British Columbia.   Dans cette optique, c’est un réel honneur, parce qu’il s’agit d’une récompense de mon propre pays. »

M. Cullis partage le prix avec Katalin Karikó, vice-présidente principale des traitements par remplacement de protéines ARN à BioNTech SE et professeure associée à l’Université de Pennsylvanie, ainsi que Drew Weissman, directeur de l’Institut Penn pour l’innovation de l’ARN de l’Université de Pennsylvanie. Les trois scientifiques ont mis au point un moyen d’acheminer des médicaments par des ARNm à nucléoside modifié et des nanoparticules lipidiques (LNP), soit les éléments à la base des vaccins à ARNm.

Mme Karikó et M. Weissman ont découvert un moyen de concevoir l’ARNm tandis que M. Cullis a conçu le mécanisme de livraison permettant de l’administrer.

Dans le mécanisme de livraison de l’ARNm, les LNP forment une bulle protectrice qui pénètre les cellules ciblées afin de livrer des instructions génétiques.

M. Cullis s’intéresse à la chimie des lipides et à la formation des LNP depuis quatre décennies. De nouvelles découvertes effectuées dans le cadre de ses recherches ont parfaitement coïncidé avec le besoin d’un vaccin contre la COVID-19, ce qu’il a qualifié « d’être au bon endroit au bon moment ».

Ses travaux liés aux LNP sont également prometteurs pour le traitement de cancers, laissant entrevoir la possibilité de concevoir des traitements hautement personnalisés et relativement non toxiques.

Le chercheur partage en ce moment son temps entre l’enseignement et la recherche à la University of British Columbia et la recherche d’usages commerciaux pour la technologie à base d’ARNm et de LNP. Par l’entremise d’Acuitas, une entreprise de Vancouver qu’il a confondée en 2009, et de NanoVation Therapeutics, une autre entreprise qu’il a confondée en 2019, M. Cullis et des collègues ont collaboré avec des sociétés pharmaceutiques et de biotechnologie, des établissements universitaires et des chefs de file de partout dans le monde pour perfectionner et mettre en marché des traitements à base d’ARNm pour une grande variété de maladies.

« Des possibilités émergent actuellement, car nous avons mis au point un processus dûment validé permettant d’introduire des médicaments à base d’acide nucléique dans des cellules cibles in vivo », commente-t-il au sujet des technologies basées sur l’ARNm et les LNP. Le monde entier se tourne vers nous pour concevoir les nombreux nouveaux traitements auxquels cette technologie a ouvert la porte. »

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Les mesures les plus rapides au monde : un chercheur de l’Université d’Ottawa remporte le prix Wolfe de physique pour ses contributions déterminantes en attophysique

Paul Corkum, éminent professeur à l’Université d’Ottawa, agent principal de recherche au Conseil national de recherches (CNRC) et co-directeur du Centre conjoint de photonique extrême CNRC-uOttawa, est colauréat du prix Wolf de physique de 2022. Il partage le prix avec ses collègues d’Europe Ferenc Krausz et Anne L’Huillier.

M. Corkum est un pionnier d’une nouvelle branche de la physique qu’on appelle l’attophysique, soit l’étude des processus qui se produisent en un milliardième de milliardième de seconde.

« On a appris comment faire les mesures les plus rapides du monde, 100 fois plus rapidement qu’auparavant », explique-t-il au sujet des travaux qui lui ont valu le prix Wolf. « Au fil du processus, nous avons trouvé une manière de produire des rayons X mous avec des lasers dans des cas où ces derniers étaient auparavant impossibles à utiliser. Il fallait alors utiliser un procédé beaucoup plus compliqué. »

« Nous avons également découvert que lorsqu’on émet une radiation avec de la lumière, il se produit une réaction extrême. »

« C’est comme des vagues, illustre-t-il. Imaginons que l’on va dans la baie de Fundy ou l’océan », propose le Néo-Brunswickois originaire de Saint John, « et que l’on regarde le va-et-vient des vagues. Il y a peut-être une algue sur une roche : la vague viendra chercher l’algue, et la ramènera en l’écrasant sur la même roche. Nous faisons à peu près la même chose avec un atome. »

« La vague, c’est la lumière : une force qui agit sur l’électron tout comme l’eau fait monter et descendre l’algue. Quand la lumière laser frappe un atome, l’électron est libéré de l’atome et bouge avant de revenir s’y écraser, tout comme l’algue s’écrase sur la roche qu’elle vient de quitter. S’il se fait attraper, il émet un faisceau de lumière, ce qui correspond au fracas de l’algue contre la roche. »

« Ce faisceau de lumière correspond aux très courtes pulsations dont je parle », explique-t-il au sujet de ses travaux de recherche fondamentale. « Il y a donc une lumière de haute intensité qui interagit avec des matières, par exemple des atomes (nous avons commencé par ceux-ci) ou des molécules. Nous savons maintenant qu’il est possible de le faire avec des solides transparents, peut-être même avec des métaux. Nous commençons à nous intéresser aux métaux. »

Fils de pêcheur et de capitaine de bateau remorqueur, M. Corkum a passé une grande partie de sa jeunesse près des bateaux, à naviguer avec son père et à travailler avec toutes sortes de moteurs. Il attribue sa carrière à son enseignant de physique à l’école secondaire, Anthony Kennett.

« Il nous disait que quand on lit une équation, il faut penser en dimensions. Il faut penser aux dimensions d’un côté de l’équation, aux dimensions de l’autre côté de l’équation. Si ça ne fonctionne pas, l’équation n’est pas bonne. »

« Je m’étais dit : “C’est vraiment intéressant ». Plus je découvrais le monde de la physique, plus j’aimais ce domaine où la logique est reine. »

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Un chercheur en informatique obtient la plus grande distinction scientifique mondiale pour ses travaux en information quantique

Gilles Brassard, professeur à l’Université de Montréal et sommité mondiale en cryptographie quantique, s’est vu décerner un prestigieux prix Breakthrough en physique fondamentale de 2023, soit la plus importante récompense scientifique au monde.

Le chercheur en informatique partage le prix, d’une valeur de trois millions de dollars américains, avec ses collègues Charles H. Bennett (IBM Research), David Deutsch (Université d’Oxford) et Peter Shor (Institut de technologie du Massachusetts), récompensant leurs « travaux fondamentaux en information quantique ».

En 1984, M. Brassard et M. Bennett, un physicochimiste, ont mis au point le premier protocole de cryptographie quantique – un schéma de chiffrement impénétrable – afin de protéger les échanges de données.

L’importance de leurs travaux s’est révélée une décennie plus tard lorsque M. Shor, un mathématicien, a découvert qu’un ordinateur quantique hypothétique pouvait percer les systèmes de chiffrement alors utilisés pour protéger les communications Internet.

Les systèmes d’échange de données sont toutefois demeurés intacts suivant la découverte de M. Shor, parce qu’il n’existe pas encore d’ordinateur quantique (du moins, pas à ce que l’on sache). Comme la technologie a rapidement évolué, l’ordinateur quantique ne devrait pas tarder à être mis au point, souligne M. Brassard. La question n’est plus à savoir s’il sera mis au point, mais quand.

Lorsque ce sera le cas, la cryptographie quantique sera le seul moyen fiable de protéger les données numériques, y compris les données financières stockées numériquement. C’est donc dire que MM. Brassard et Bennett ont proposé un remède dix ans avant la découverte de la maladie.

À l’heure actuelle, « la cryptologie quantique a le vent dans les voiles », indique le chercheur au sujet de l’incidence actuelle de la découverte. « Elle est de plus en plus largement étudiée, mise en œuvre et utilisée, et ce, même dans la vie réelle. Personne n’aurait prédit cela il y a dix ans. »

En 1992, MM. Brassard et Bennett ainsi que des partenaires, dont le Canadien Claude Crépeau, ont inventé le concept théorique de la téléportation quantique. Ce phénomène, expérimenté et confirmé par d’autres scientifiques quelques années plus tard, est l’une des notions fondamentales sur lesquelles repose la théorie de l’information quantique.

M. Brassard est un prodige des mathématiques qui a entamé un baccalauréat en informatique à l’âge de treize ans. Il a remporté de nombreuses distinctions, y compris le prix Wolf de physique, considéré comme la récompense la plus importante après le prix Nobel, ainsi que le prix Frontiers of Knowledge de la Fondation BBVA.

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Bien plus qu’une simple ferme : une chercheuse de l’Université McGill explore l’agriculture multifonctionnelle

Elena Bennett, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en sciences de la durabilité à l’Université McGill, étudie l’agriculture multifonctionnelle au Canada. Elle est motivée par le désir de protéger les paysages fonctionnels iconiques, mais souvent négligés, qui contribuent à la biodiversité, offrent des endroits récréatifs et permettent de contrôler les inondations, tout en permettant d’établir des liens historiques et de favoriser un sentiment d’appartenance.

Mme Bennett cherche à savoir où se trouvent les paysages les plus multifonctionnels du Canada et comment ils sont devenus ainsi. Ses travaux lui ont valu l’obtention d’une Bourse de recherche Guggenheim en 2022.

« J’entends par paysages multifonctionnels des endroits où est pratiquée une agriculture qui répond à de multiples besoins et qui procure de multiples avantages, mais qui est souvent oubliée lorsqu’on pense aux paysages agricoles, explique-t-elle. Ces endroits produisent de la nourriture, mais ils sont également jolis à regarder. Ils peuvent stocker du carbone et contribuer à réguler les changements climatiques, retenir les nutriments dans le sol, servir d’habitat pour une variété d’espèces, et plus encore. L’une des choses que je tente de faire dans le cadre de mes travaux, c’est de dévoiler la magie qui permet à ces paysages multifonctionnels de servir à autant de choses. »

La Bourse de recherche Guggenheim lui permettra de rédiger un ouvrage sur le sujet tout en poursuivant ses travaux de recherche. « Le livre examinera un peu plus en détail le rôle des êtres humains comme une force positive pour l’environnement. Dans le mouvement écologique, on entend souvent le discours selon lequel les êtres humains sont nuisibles, et que pour protéger l’environnement, il faut bloquer des zones et empêcher les gens d’y aller. Or, ce que je constate lorsque j’observe certains de ces merveilleux paysages multifonctionnels, ce n’est pas qu’ils sont dépourvus d’êtres humains, mais plutôt que les personnes qui s’y trouvent entretiennent une saine relation avec l’environnement. »

Mme Bennett est coprésidente du Programme sur le changement des écosystèmes et la société et directrice fondatrice du réseau ResNet du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, un réseau pancanadien visant à améliorer la gestion des paysages fonctionnels pour offrir de multiples services écosystémiques.

L’obtention d’une Bourse de recherche Guggenheim « est pour moi la confirmation que ce que j’ai fait est important et que ce que je propose de faire est perçu comme étant pertinent, à tout le moins pour une personne », conclut-elle.

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Un pionnier de l’apprentissage profond veut combler l’un des écarts en intelligence artificielle

« Je suis toujours aussi passionné », affirme Yoshua Bengio lorsqu’on lui demande ce qui se profile à l’horizon dans ses travaux de recherche. « Lorsqu’on regarde ce qui se fait de mieux dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA), il y a encore une grande lacune. » On cherche encore des réponses à des mystères de la conscience humaine, explique-t-il.

« C’est un écart qui ne pourra être comblé simplement par plus de travail en génie informatique ou de calculs, ou par l’expansion de nos modèles. Il nous manque des principes, » poursuit le professeur de l’Université de Montréal.

« C’est ce qui oriente mes travaux. Notre hypothèse actuelle, c’est qu’il y a un lien à établir avec le fonctionnement de haut niveau, c’est-à-dire ce qu’on fait consciemment et qu’on peut verbaliser. »

M. Bengio s’est mérité en 2022 un prestigieux prix Princesse des Asturies en recherche technique et scientifique, de pair avec ses collègues Geoffrey Hinton (University of Toronto), Yann LeCun (Université de New York) et Demis Hassabis (DeepMind), tous considérés comme des pionniers de l’apprentissage profond.

Il est fondateur et directeur scientifique de l’Institut québécois d’intelligence artificielle Mila, un regroupement de plus de 1 000 chercheuses et chercheurs de l’apprentissage automatique et le plus grand centre de recherche universitaire en apprentissage profond au monde. M. Bengio est aussi codirecteur du programme Apprentissage automatique, apprentissage biologique du CIFAR et directeur scientifique d’IVADO, un institut de recherche et de transfert en IA.

L’apprentissage profond s’appuie sur des réseaux de neurones pour exécuter des opérations de reconnaissance vocale, de vision par ordinateur et de traitement du langage. Il a permis à des machines de battre des championnes et champions mondiaux de jeux d’esprit et a révolutionné la biologie en permettant de prédire des structures protéiques à partir de leurs séquences. L’apprentissage profond a pour objectif d’imiter le fonctionnement du cerveau humain et utilise des algorithmes qui convertissent le processus d’apprentissage organique en formule mathématique compréhensible par un ordinateur. Le but est que la machine puisse apprendre de ses propres expériences.

Selon M. Bengio, l’apprentissage profond arrive aujourd’hui à très bien faire ce que les êtres humains font inconsciemment, sans y penser. Le fonctionnement mathématique des idées conscientes qui guident nos actions est toutefois encore imprégné de mystère pour les scientifiques.

« On en sait beaucoup sur le cerveau, on a beaucoup d’indices, et c’est ce qui a inspiré l’apprentissage profond; mais pour espérer faire évoluer la prochaine génération de systèmes d’IA, on devra y intégrer d’autres pans de l’intelligence humaine qui relèvent de processus cognitifs de plus haut niveau. C’est ce qui manque actuellement, selon moi. »

Ses travaux avant-gardistes en apprentissage profond ont aussi valu à M. Bengio un prix Turing en 2018, un prix considéré comme le « prix Nobel de l’informatique », aux côtés de M. Hinton et M. LeCun.

Selon M. Bengio, les avancées et les contributions du Canada en IA sont impressionnantes. « La croissance du milieu canadien de l’IA et les travaux scientifiques accomplis sont remarquables. Au cours des dernières années, le Canada a su attirer des sommités de partout dans le monde. » Il note que c’est grâce à des investissements publics importants dans les dernières années que le pays a pu devenir un chef de file mondial de l’IA.

« Ici à Montréal, on a rassemblé une masse critique phénoménale de personnes spécialisées en IA, particulièrement en apprentissage profond, soit la discipline qui cumule le plus de réussites, qui est la plus emballante, qui génère le plus d’investissements et qui est le plus déployée dans de nombreux secteurs. »

Photo : Camille Gladu-Drouin

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Une chercheuse de la University of British Columbia met des outils numériques au service de grands enjeux environnementaux

Karen Bakker, professeure de géographie à la University of British Columbia, dirige le Smart Earth Project, qui vise à déterminer la manière dont les outils numériques sont utilisés pour répondre aux grands défis environnementaux comme les changements climatiques et la perte de la biodiversité.

Situés au croisement de la transformation numérique et de la gouvernance environnementale, ces travaux de recherche transformationnels ont valu à Mme Bakker l’obtention d’une Bourse de recherche Guggenheim de 2022 et figurent dans son dernier ouvrage intitulé The Sounds of Life : How Digital Technology Is Bringing Us Closer to the Worlds of Animals and Plants.

Ses travaux se caractérisent également par une grande interdisciplinarité. « J’ai une formation à la fois en sciences naturelles et en sciences humaines, et j’intègre ces diverses perspectives à tous mes projets », explique-t-elle.

Le plus souvent axés sur des enjeux liés à l’eau, y compris sur la gouvernance pour la sécurité de l’eau, ses travaux portent des champs d’application, mais aussi une vision globale : « Je prends un pas de recul et j’observe les tendances dans de multiples domaines d’activité savante, des activités de recherche à l’innovation ».

Mme Bakker estime qu’une révolution numérique en matière de gouvernance environnementale est amorcée, et qu’elle comprend le passage d’un manque à une hyperabondance de données de même que l’émergence de nouveaux outils comme les algorithmes d’intelligence artificielle. Ces avancées permettent une surveillance environnementale en temps réel, ce qui signifie que les organismes de protection de la nature peuvent plus facilement détecter, limiter et même prévenir les dommages environnementaux.

« Par exemple, des scientifiques ont recouru à la bioacoustique numérique pour localiser en temps réel la baleine noire de l’Atlantique Nord, une espèce hautement menacée. L’information obtenue sert à créer des zones mobiles de protection marine, qui exigent que les navires réduisent leur vitesse ou évitent carrément le secteur. On diminue ainsi le nombre de collisions, un grand facteur de blessures et de décès chez les baleines. »

« On peut aussi citer les satellites servant à détecter les panaches de méthane en temps réel. On arrive maintenant à savoir où sont les émettrices et émetteurs principaux de méthane, n’importe où dans le monde et à tout moment. S’il y a une volonté politique de le faire, on peut même leur faire payer ces émissions fugitives auparavant intraçables. »

Mais tout nouvel outil n’est pas sans risques. « N’importe quelle technologie peut devenir outil ou arme. Ces mêmes technologies que j’ai citées pourraient servir à la chasse de précision. Aussi devons-nous absolument baliser ces risques, tout en autorisant l’utilisation des technologies pour protéger la biodiversité et atténuer le changement climatique. »

Quant à la Bourse de recherche Guggenheim, Mme Bakker voit en cette récompense quelque chose de spécial. « Il faut parfois des années pour faire germer des travaux universitaires. Pour employer une métaphore biologique, la bourse Guggenheim vient souvent jeter la lumière sur des travaux sur le point d’éclore. Je pense donc que cette récompense vient célébrer ces projets qui mettent du temps avant de donner des fruits, mais qui portent une volonté réelle de dire quelque chose de nouveau et d’apporter à la fois une contribution savante et une contribution pour le bien ou le savoir collectif. C’est, je pense, dans ce mélange que réside leur beauté. »

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Un ingénieur en biomécanique a pour objectif de concevoir de meilleures prothèses aortiques

Marco Amabili, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les vibrations et l’interaction fluide-structure au Département de génie mécanique de l’Université McGill, s’est donné comme mission de concevoir des dispositifs pouvant remplacer les prothèses aortiques désuètes utilisées aujourd’hui.

En 2022, il a reçu une Bourse de recherche Guggenheim pour ses travaux sur l’aorte et les greffes de l’aorte, où une partie d’aorte est remplacée par une prothèse en cas de maladie.

« Les prothèses utilisées actuellement sont à vrai dire vieilles et désuètes. Elles ont probablement été conçues par des personnes qui s’intéressaient surtout à la biocompatibilité et à d’autres aspects du dispositif, mais elles ont complètement oublié que la mécanique joue un rôle crucial dans le corps humain. Les prothèses utilisées aujourd’hui présentent de nombreux problèmes sur le plan mécanique. »

M. Amabili est d’avis qu’une nouvelle génération de prothèses doit voir le jour, surtout parce qu’elles sont essentielles à la survie de certaines personnes. « La qualité de vie des gens qui en ont une dépend largement de la qualité des prothèses elles-mêmes, explique-t-il. Ainsi, l’amélioration des prothèses procurera d’énormes avantages aux personnes qui en recevront à l’avenir. »

M. Amabili indique que les prothèses actuelles assurent la survie des patientes et patients, mais qu’elles nécessitent une opération chirurgicale de suivi tous les 10 à 15 ans. « Ce n’est pas idéal, puisqu’il s’agit d’une grosse opération. Trouver une solution qui ne nécessite pas d’opérations additionnelles au fil des ans et qui n’entraîne pas d’effets secondaires serait avantageux pour les personnes greffées. »

C’est l’ampleur du défi qui a attiré M. Amabili dans ce domaine de recherche. « L’une des raisons pour lesquelles j’ai commencé à m’intéresser à ce domaine, c’est qu’il est très complexe et difficile. »

En plus d’avoir le potentiel d’améliorer la vie des patientes et patients, ses travaux présentent également un important potentiel économique. « Il va sans dire que ce type d’opération requiert énormément de ressources sur les plans financier et des soins de santé. Imaginez que vous devez opérer une personne tous les 15 ans à partir de ses 40 ou 50 ans, plutôt que de ne l’opérer qu’une seule fois au cours de sa vie. En plus, une personne qui bénéficie d’une meilleure qualité de vie est plus active. D’un point de vue économique, il y a de nombreux avantages. » Le fait de concevoir ces prothèses améliorées au Canada pourrait d’ailleurs en être un.

Au sujet de l’obtention d’une bourse de recherche Guggenheim, M. Amabili estime qu’il s’agit de distinctions importantes puisqu’elles donnent de la visibilité aux personnes qui les reçoivent ainsi qu’à leurs travaux de recherche. « C’est important parce qu’elles permettent d’obtenir des ressources plus facilement, de recruter de meilleures étudiantes et de meilleurs étudiants aux cycles supérieurs et d’obtenir de meilleurs résultats. »

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Un chercheur de la University of Alberta, lauréat d’un prix Nobel pour sa découverte de l’hépatite C, travaille à la mise au point de vaccins

C’est au beau milieu de la nuit le 5 octobre dernier que Michael Houghton, professeur de la University of Alberta, a appris que lui et ses collaborateurs venaient de remporter le prix Nobel de 2020 de médecine ou physiologie. M. Houghton a remporté le Nobel en collaboration avec les scientifiques Harvey Alter et Charlie Rice pour leur contribution significative à la lutte contre l’hépatite à diffusion hématogène, un problème de santé mondial majeur qui provoque la cirrhose et le cancer du foie.

M. Houghton dit avoir tenté en vain de retourner au lit après l’appel de son collègue à 3 h du matin. « J’y ai finalement renoncé, a-t-il raconté en entrevue avec Adam Smith de la Nobelprize.org. Et puis lorsque j’ai ouvert mes courriels, il y en avait des centaines […] ce qui est très agréable, bien sûr. »

En 1989, les trois chercheurs ont découvert le virus responsable de l’hépatite C, une maladie à l’origine de 400 000 décès chaque année dans le monde.

Leur découverte a permis de protéger les réserves de sang contre la transmission du virus. Les chercheurs ont rapidement mis au point un test sanguin et, en 1992, le virus était pratiquement éliminé des inventaires de sang dans le monde développé.

Leur attention s’est ensuite tournée vers les traitements. « Il a fallu à l’ensemble du milieu et à l’industrie pharmaceutique plus de 20 ans […], mais nous avons mis au point des médicaments extraordinaires qui peuvent maintenant guérir presque tout le monde rapidement et en toute sécurité. »

L’hépatite C demeure à ce jour une épidémie mondiale. « Or, pour contrôler une telle épidémie, il faut un vaccin, dit-il. Après de nombreuses années de travail, je crois que le milieu estime que c’est faisable […]. À la University of Alberta, j’ai travaillé à une version améliorée [du vaccin] qui, nous croyons, a de bonnes chances de réussir, ou du moins d’être partiellement efficace. »

M. Houghton a été recruté par la University of Alberta en 2010 comme titulaire de la Chaire d’excellence en recherche du Canada sur la virologie à l’Institut Li Ka Shing de virologie. Deux ans plus tard, lui et son équipe ont mis au point un vaccin contre le virus responsable de la cirrhose, des maladies du foie terminales et du cancer du foie. Les tests du vaccin sont actuellement en phase avancée.

Il dirige aussi des travaux visant à mettre au point un vaccin contre la COVID-19.

M. Houghton raconte s’être intéressé à la microbiologie dès l’âge de 17 ans. « J’ai lu sur la vie et l’œuvre de Louis Pasteur, et ce dernier est devenu mon inspiration. » En ce qui concerne ce qui l’a motivé à poursuivre ses travaux, particulièrement pendant les années de frustration, il confie que ce n’est pas l’espoir d’obtenir des prix ou des décorations. « [Les hommages,] c’est bien, mais ce qui compte avant tout pour moi c’est d’avoir pu prévenir des millions de cas d’infection à l’hépatite C qui autrement auraient pu survenir par l’entremise des réserves de sang. Recevoir un prix c’est agréable, mais c’est ce n’est qu’un prix. Ce qui me rend vraiment heureux c’est de pouvoir intervenir auprès de patients, de prévenir les infections ou de trouver un remède. »

Dominic_Lopes_innovator

La nature et le sens de l’art et de l’esthétique

Comptant parmi les plus éminents philosophes de l’art contemporain, Dominic McIver Lopes est chercheur et professeur distingué au département de philosophie de la University of British Columbia. Ses travaux portent principalement sur la nature et le sens de l’art et de l’esthétique.

M. Lopes a établi un lien entre la valeur des images et la manière dont elles renforcent les pouvoirs de la perception humaine. Il soutient par exemple, dans son ouvrage novateur intitulé Philosophy of Computer Art, que l’art informatique remet en cause les fondements des manières traditionnelles d’envisager l’art et la création. M. Lopes élabore actuellement une théorie axée sur la manière dont les valeurs esthétiques guident les personnes engagées dans une variété de projets artistiques. Les éléments de sa théorie pourraient conduire à de nouvelles visions des origines des pratiques esthétiques et des fondements de l’éducation esthétique. Il travaille actuellement à un ouvrage intitulé Being for Beauty: Aesthetic Agency and Value.

Lopes est titulaire d’un baccalauréat ès arts de l’Université McGill et d’un doctorat en philosophie de l’Université d’Oxford. Il a été boursier du National Humanities Center ainsi que professeur de recherche visiteur Leverhulme Trust à l’Université de Warwick. Il a entre autres reçu un prix de l’American Society for Aesthetics destiné à récompenser les monographies exceptionnelles, ainsi qu’un prix de recherche Killam.

En savoir plus sur les bourses Guggenheim (en anglais)

*Dominic McIver Lopes est l’un des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche

Molly_Schoichet_innovators

Créer de nouveaux polymères pour la régénération des tissus

Professeure de chimie, de science des biomatériaux et de génie biomédical, Molly Shoichet a été désignée lauréate nord-américaine du prix L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science pour avoir conçu de nouveaux matériaux visant la régénération des tissus nerveux endommagés, ainsi qu’une nouvelle méthode permettant aux médicaments administrés d’atteindre directement la moelle épinière et le cerveau.

Spécialiste de l’étude des polymères utilisés à des fins d’administration de médicaments et de régénération, Mme Shoichet étudie le problème de la barrière hémato-encéphalique, un réseau dense et complexe de cellules qui protège le système nerveux central des toxines, mais qui peut aussi bloquer les médicaments utiles. La solution innovante mise au point par la chercheuse consiste à intégrer les médicaments à un polymère semblable à un gel, injecté directement dans le liquide céphalorachidien et demeurant ensuite proche du point d’injection, où son action thérapeutique est la plus efficace. L’équipe dirigée par Mme Shoichet a également mis au point un polymère visant l’administration ciblée de médicaments et d’anticorps destinés à combattre le cancer du sein.

Titulaire d’un baccalauréat ès sciences du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et d’un doctorat de l’Université du Massachusetts, Mme Shoichet est titulaire d’une Chaire de recherche du Canada de niveau 1 en génie tissulaire ainsi que professeure de génie chimique et de chimie appliquée, de chimie ainsi que de science des biomatériaux et de génie biomédical à la University of Toronto. Lauréate de nombreuses distinctions prestigieuses, elle est la seule personne à être membre de trois académies canadiennes.

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* Molly Shoichet est l’une des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche.

Pascal_Audet_innovator

Mesurer l’incidence de l’activité humaine sur la croûte terrestre

Géophysicien et professeur à l’Université d’Ottawa, Pascal Audet s’est vu décerner une bourse de recherche Sloan en physique pour la mise au point d’une technique novatrice destinée à mesurer l’incidence de l’activité humaine sur la croûte terrestre.

Expert en sismologie, M. Audet utilise les données GPS et relatives aux variations de la gravité obtenues du satellite GRACE (Gravity Recovery and Climate Experiment) pour déterminer à quel point l’activité humaine à grande échelle agit sur la déformation de la croûte terrestre, ainsi que pour évaluer son incidence sur les catastrophes naturelles.

La technique de M. Audet a récemment joué un rôle important dans la réalisation d’une étude publiée dans la revue Nature, qui a montré le lien direct entre l’activité humaine et la diminution des eaux souterraines et le soulèvement de la Sierra Nevada et des chaînes côtières, en Californie. Ce phénomène pourrait contribuer à la multiplication des petits tremblements de terre au sein de la faille de San Andreas, qui y est adjacente.

La bourse de recherche décernée à M. Audet lui permettra d’étudier les conséquences de l’exploitation des sables bitumineux dans l’Ouest canadien.

En savoir plus sur les bourses de recherche Sloan (en anglais)

* Pascal Audet est l’un des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche.

Stephanie_Waterman_innovator

Effectuer de la recherche en océanographie physique

Professeure adjointe d’océanographie physique, Stephanie Waterman a obtenu une bourse de recherche Sloan pour poursuivre ses travaux de recherche dans ce domaine.

Dans le cadre de ses recherches au département des sciences de la Terre, des océans et de l’atmosphère de la University of British Columbia, Mme Waterman combine océanographie observationnelle et théorique dans le but de mieux comprendre comment interagissent les diverses composantes de la circulation océanique fonctionnant à diverses échelles de temps et de longueur. Mme Waterman a déjà pris part à un certain nombre de campagnes d’observation dans l’Atlantique Nord, le Pacifique Nord et les océans de l’hémisphère Sud.

Ses travaux sur l’Arctique s’inscrivent dans le cadre du programme canadien GEOTRACES, initiative destinée à mieux comprendre les processus biochimiques dans l’océan et à améliorer les prévisions concernant sa réaction aux changements à l’échelle planétaire.

Diplômée de la Queen’s University, Mme Waterman est titulaire d’un doctorat en océanographie physique du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et du Woods Hole Oceanographic Institution. Avant de se joindre à la University of British Columbia, en 2014, Mme Waterman a été chercheuse au National Oceanography Centre du Royaume-Uni, au Grantham Institute for Climate Change de l’Imperial College, à Londres, au Climate Change Research Centre ainsi qu’au Centre of Excellence for Climate System Science de l’Australian Research Council.

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* Stephanie Waterman est l’une des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche.

Jacob Tsimerman

Contribution originale à la théorie des nombres

Jacob Tsimerman a obtenu une bourse de recherche Sloan en mathématiques pour ses contributions originales à la théorie des nombres. Professeur adjoint au département de mathématiques de la University of Toronto, il est également lauréat du prix Ramanujan de la SASTRA pour les jeunes mathématiciens.

Tsimerman travaille à estimer le nombre de solutions existantes à un système d’équations polynomiales. Il utilise à cette fin des entiers relatifs, à savoir des nombres entiers dépourvus de composantes fractionnaires ou décimales. Ses travaux reposent sur les concepts fondamentaux de la théorie des nombres et de la géométrie algébrique. « Il est l’un des rares mathématiciens à maîtriser ces deux domaines différents des mathématiques, peut-on lire dans le communiqué de la Fondation Sloan. Cela lui a permis d’accomplir des progrès considérables vers la résolution d’un certain nombre de problèmes fondamentaux qui se situent à l’interface des deux sujets. »

Tsimerman est titulaire d’un baccalauréat ès arts de la University of Toronto et d’un doctorat de l’Université de Princeton. Il s’est joint à la University of Toronto en 2014 après avoir occupé un poste postdoctoral à l’Université Harvard.

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En savoir plus sur le prix Ramanujan de la SASTRA (en anglais)

* Jacob Tsimerman est l’un des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche.

Julie_Lefebvre._innovator

Comprendre la formation du cerveau

Chercheuse au sein du Programme de neurosciences et de santé mentale du Hospital for Sick Children, Julie Lefebvre a remporté en 2015 une bourse de recherche Sloan en neurosciences pour ses travaux visant à comprendre les mécanismes fondamentaux de la formation du cerveau.

Les travaux de Mme Lefebvre portent entre autres sur le rôle des gènes dans la formation complexe des circuits neuronaux. « J’espère que mes travaux aideront à comprendre comment les altérations génétiques touchent le développement du cerveau et divers troubles cérébraux », explique-t-elle.

Mme Lefebvre tente de déterminer comment les cellules nerveuses en viennent à former des types précis de connexions neuronales essentielles au développement et au fonctionnement adéquats du système nerveux. Ses travaux permettront de mieux comprendre comment les circuits neuronaux s’assemblent dans un cerveau sain, et comment les dysfonctionnements de ces processus de développement contribuent au fonctionnement anormal du cerveau et aux troubles neurologiques.

Mme Lefebvre est titulaire d’un baccalauréat ès sciences de l’Université McGill ainsi que d’un doctorat de l’Université de Pennsylvanie, où ses travaux portaient sur le développement neuromusculaire. Ses travaux postdoctoraux, effectués à l’Université Harvard, portaient sur l’étude des mécanismes moléculaires de la morphogenèse neuronale et la formation des circuits intrarétiniens. Mme Lefebvre s’est jointe au Hospital for Sick Children en décembre 2013.

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* Julie Lefebvre est l’une des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche.

Vanessa_D'Costa_innovator

Améliorer notre compréhension du système immunitaire

Chercheuse postdoctorale en biologie cellulaire au Research Institute du Hospital for Sick Children, Vanessa D’Costa s’est vu décerner un prix L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science, catégorie Jeunes chercheuses, pour ses travaux de recherche sur les mécanismes qui permettent aux bactéries que sont les salmonelles d’échapper au système immunitaire.

Les salmonelles comptent parmi les premières causes de gastroentérite d’origine alimentaire à l’échelle mondiale. Sous forme aiguë, la salmonellose peut provoquer la mort et contribuer au développement de l’arthrite réactionnelle, une pathologie auto-immune. Au cours des dernières années, le nombre d’infections par salmonelles résistantes aux médicaments a augmenté.

Les salmonelles provoquent des infections en échappant au système immunitaire avec l’aide de protéines apparentées à des toxines, appelées effecteurs, dont les chercheurs ne comprennent pas totalement le rôle. Les travaux de recherche de Mme D’Costa visent à déterminer comment ces effecteurs manipulent les cellules hôtes et permettent aux agents pathogènes de contourner les systèmes du corps humain visant à lutter contre les maladies. Les travaux de Mme D’Costa permettront de mieux comprendre le fonctionnement d’autres bactéries résistantes aux médicaments et, plus généralement, celui du système immunitaire.

Mme D’Costa avait obtenu, pendant ses études de doctorat à la McMaster University, une bourse d’études supérieures du Canada Frederick Banting et Charles Best, décernée par les Instituts de recherche en santé du Canada, ainsi qu’une bourse de recherche postdoctorale Banting à la University of Toronto.

En savoir plus sur les prix L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science, catégorie Jeunes chercheuses

* Vanessa D’Costa est l’une des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche.

Arthur_McDonald_innovator

La percée des mystères de l’univers

Le lauréat d’un prix Nobel Arthur McDonald, professeur émérite à la Queen’s University, et l’Observatoire de neutrinos de Sudbury (SNO) ont reçu le Prix de la percée en physique fondamentale 2016 « pour leur découverte fondamentale et leur étude des oscillations des neutrinos, qui ont révélé l’existence d’une nouvelle frontière allant au-delà, et peut-être bien au-delà, du modèle standard de la physique des particules ». Ce prix a été remis à cinq expériences portant sur les oscillations des neutrinos.

En reconnaissance de ses travaux de recherche sur les neutrinos, M. McDonald a reçu, en 2015, le prix Nobel de physique 2015 avec Takaaki Kajita,de l’Université de Tokyo.

M. McDonald est directeur du projet de collaboration du SNO, dans le cadre duquel il étudie les mystères des neutrinos aux installations de Sudbury depuis 1984. La grotte qui abrite le SNO a depuis été agrandie et transformée en laboratoire de physique sous-terrain multifonction appelé SNOLAB.

Parfois appelés « particules fantômes », les neutrinos sont un élément fondamental de l’univers, mais on en sait assez peu à leur sujet. L’équipe de M. McDonald a découvert que les neutrinos de type électrons changeaient de type au cours de leur voyage du noyau du Soleil à la Terre, ce qui nous a permis d’approfondir nos connaissances sur le Soleil et a démontré que les propriétés des neutrinos allaient au-delà des prédictions du modèle standard des particules élémentaires.

M. McDonald a obtenu un doctorat de l’Institut de technologie de Californie en 1969. Il a commencé sa carrière à la Queen’s University en 1989 et y est professeur émérite depuis 2013. Il est aussi titulaire de la Chaire Gordon et Patricia Gray en astrophysique des particules de cet établissement.

En savoir plus sur le prix de la percée en physique fondamentale (en anglais)
En savoir plus sur le prix Nobel de physique (en anglais)

*Arthur B. McDonald est l’un des 12 lauréats d’importants prix internationaux de recherche en 2016 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Lauréats canadiens de 2016 de prestigieux prix internationaux en recherche.

Anne_Michaels_innovators

Faire preuve d’une créativité exceptionnelle sur le plan artistique

Professeure auxiliaire d’anglais et ancienne professeure visiteuse distinguée Barker Fairley en études canadiennes au University College de la University of Toronto, Anne Michaels a obtenu une bourse de recherche Guggenheim en arts de la création, catégorie Fiction. Auteure de cinq recueils de poésie encensés et de deux romans, elle a également été désignée « poète lauréate de Toronto » en 2015.

Ancienne étudiante de la University of Toronto, Mme Michaels a par la suite mis sur pied le programme de création littéraire à distance de l’École de formation permanente de l’établissement. Son premier ouvrage, un recueil de poésie intitulé The Weight of Oranges paru en 1986, lui a valu le Prix du Commonwealth. Mme Michaels a également reçu le Prix du magazine canadien et le Prix de la poésie de la Canadian Authors Association. Son deuxième recueil de poèmes, intitulé Miner’s Pond, paru en 1991, lui a valu d’être candidate au Prix du Gouverneur général.

L’un des deux romans de Mme Michaels, Fugitive Pieces, a été couronné par le Prix du premier roman de Books in Canada, le prix littéraire Trillium, le prix Orange pour la fiction, le Prix de la fiction du Guardian ainsi que le prix littéraire Lannan (catégorie fiction). Il a été adapté au cinéma en 2007.

Son deuxième roman, The Winter Vault, a figuré parmi les ultimes candidats au prix Giller de la Banque Scotia, au Prix des écrivains du Commonwealth et au prix littéraire Trillum.

En savoir plus sur les bourses de recherche Guggenheim (en anglais)

* Anne Michaels est l’une des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche

Pedro_Vieira_innovator

Aborder les problèmes les plus ardus que pose la théorie quantique des champs

Membre du corps professoral de l’Institut Périmètre et professeur auxiliaire à la University of Waterloo, le physicien théorique Pedro Vieira a obtenu en 2015 une bourse de recherche Sloan pour ses travaux sur les fondements de la théorie quantique des champs. Il s’est également vu décerner la prestigieuse médaille Gribov de la European Physical Society, destinée à récompenser de jeunes chercheurs pour leurs travaux en physique théorique des particules ou portant sur la théorie quantique des champs.

À l’Institut Périmètre, M. Vieira aborde les problèmes les plus ardus et persistants que pose la théorie quantique des champs. Il utilise une technologie mathématique appelée holographie pour traduire les questions sur les théories des champs quadridimensionnelles en questions sur les théories des cordes bidimensionnelles. Cela lui permet d’étudier ces questions grâce à l’intégrabilité, une puissante technique mathématique destinée à résoudre avec exactitude les théories bidimensionnelles. L’holographie permet ensuite de relier chaque solution bidimensionnelle trouvée à une solution quadridimensionnelle.

Diplômé de l’Université de Porto, au Portugal, M. Vieira est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat de l’École normale supérieure, à Paris. Il s’est joint à l’Institut Périmètre en 2009.

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* Pedro Vieria est l’un des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche

Michael_Doebeli_innovator

Percer un des grands mystères de l’évolution

Professeur aux départements de zoologie et de mathématiques de la University of British Columbia, Michael Doebeli est « l’un des plus grands mathématiciens et biologistes évolutionnistes au monde, ainsi qu’un maître de la théorie de l’évolution de la diversité des organismes », selon un communiqué émis par la Fondation commémorative John Simon Guggenheim. M. Doebeli s’est vu décerner par la Fondation une bourse de recherche Guggenheim en sciences naturelles pour ses travaux qui ont éclairé la compréhension de l’origine des nouvelles espèces par les chercheurs.

Le modèle mathématique élaboré par M. Doebeli vise à percer un des grands mystères de l’évolution en déterminant quels sont les facteurs qui sous-tendent la génération de la diversité biologique, tant au sein des espèces qu’entre elles. Ses travaux ont montré que de nouvelles espèces peuvent apparaître en l’absence de séparation géographique, chose jugée théoriquement impossible auparavant. Les travaux de M. Doebeli ont également ouvert de nouvelles perspectives qui ont conduit à une compréhension unifiée de l’évolution de la coopération dans la nature.

M. Doebeli est titulaire d’un doctorat en mathématiques pures de l’Université de Bâle, en Suisse. Il a reçu nombre de prix prestigieux, parmi lesquels le Prix de la recherche de la Société canadienne de mathématiques appliquées et industrielles, en 2014. M. Doebeli est membre de la Société royale du Canada.

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* Michael Doebeli est l’un des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche

Nikolai_Krementsov_innovator

Examiner l’histoire de l’eugénisme bolchevique

Historien de la médecine et des sciences de la vie russes, Nikolai Krementsov s’est vu décerner une bourse de recherche Guggenheim pour mener des travaux de recherche sur les interactions entre science, médecine et littérature dans la Russie bolchevique (1917-1929). Professeur à l’Institute for the History and Philosophy of Science and Technology de la University of Toronto, M. Krementsov se concentre sur l’histoire des relations internationales en science et en médecine, en particulier au cours des périodes de l’entre-deux-guerres et de la guerre froide.

Son projet s’intitule « Je veux un bébé » : Histoire de l’eugénisme bolchevique. Dans de nombreux pays, l’eugénisme est souvent associé aux programmes de purification raciale génocidaire. Tel n’a pas été vraiment le cas dans la Russie bolchevique, où l’eugénisme relevait plutôt d’un désir d’améliorer la génétique du peuple russe. Le mouvement n’a pas réussi à se structurer et à obtenir un appui législatif, mais après la révolution russe de 1917, l’eugénisme est devenu une discipline scientifique reconnue et a influencé les politiques sociales. Il a été banni de l’Union soviétique en 1930, sous Staline.

« Mon but est d’étudier ce dossier en détail à la lumière du contexte national et du contexte international, explique M. Krementsov. Les changements à la tête d’un État s’accompagnent souvent d’une modification du discours public sur la science, et des politiques étatiques en la matière. Les leçons tirées de la période de la Russie bolchevique peuvent donc aider à mieux comprendre les relations entre science et société, que bien des nations ont du mal à cerner aujourd’hui. »

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* Nikolai Krementsov est l’un des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche

Thomas_Keymer_innovator

Recherche et carrière remarquables en enseignant de la littérature anglaise

Professeur ainsi que professeur d’anglais Chancellor Jackman à la University of Toronto, Thomas Keymer s’est vu décerner en 2015 une bourse de recherche Guggenheim en sciences humaines pour la qualité remarquable de ses travaux de recherche et de sa carrière d’enseignant en littérature anglaise. Cette bourse lui permettra d’achever la rédaction d’un ouvrage consacré à l’interaction entre le contrôle de la presse officielle et la littérature à connotation politique, de 1660 à 1820.

Intitulé Poetics of the Pillory: Literature and Seditious Libel, 1660-1820, cet ouvrage constituera le prolongement d’une série de conférences prononcées par M. Keymer en 2014 à l’Université d’Oxford.

Les travaux de M. Keymer sur la diffamation et la censure sont nés de son intérêt pour la littérature des XVIIe et XVIIIe siècles, fort agités sur le plan politique. « Les autorités de l’époque sont allées loin pour réduire les auteurs au silence, multipliant les lois répressives, les mises au pilori, les intimidations et les arrestations, rappelle M. Keymer. La censure n’a fait qu’encourager les auteurs à poursuivre dans la même veine et a stimulé leur créativité. »

Diplômé de l’Université de Cambridge, M. Keymer a enseigné au Royal Holloway, à l’Université de Londres ainsi qu’au St Anne’s College, à Oxford. Il dirige le programme de recherche concertée sur l’histoire du livre et la culture de l’imprimé de la University of Toronto. Ce programme est proposé par le Massey College, dont il est agrégé supérieur de recherche. M. Keymer est également membre de la Société royale du Canada, de la Royal Historical Society et de l’English Association.

En savoir plus sur les bourses de recherche Guggenheim (en anglais)

* Thomas Keymer est l’un des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche

Charles_Taylor_innovator

Changer la façon dont les gens voient la vie

Un des plus éminents philosophes au monde, Charles Taylor, est le lauréat du tout premier prix annuel de l’Institut Berggruen accordé à un penseur « dont les idées ont une grande importance pour former la compréhension de l’humain et contribuer à l’avancement de l’humanité ».

Les œuvres de M. Taylor ont été traduites en 20 langues et abordent entre autres l’intelligence artificielle et le multiculturalisme, le comportement social et la moralité. Parmi les plus importantes, mentionnons Explanation of Behaviour (1967), Sources du moi (1989), L’âge séculier (2007) et son plus récent ouvrage, The Language Animal (2016).

Les travaux de ce leader mondial de l’approfondissement de la compréhension entre les différentes traditions intellectuelles ont beaucoup d’écho dans son pays d’origine, où il est un ardent défenseur de l’unité du Canada et de la préservation de l’identité distincte du Québec.

En 2015, M. Taylor a été colauréat du prestigieux prix John W. Kluge en sciences humaines, qu’il partage avec le sociologue et philosophe allemand Jürgen Habermas.

M. Taylor a obtenu trois grades de l’Université Oxford, dont un doctorat en philosophie en 1961. Bien qu’il ait occupé divers postes dans nombre de grandes universités, c’est avec l’Université McGill, où il a enseigné entre 1961 et 1997, et où il est maintenant professeur émérite, qu’il entretient les liens les plus étroits.

Ses travaux lui ont également valu le prestigieux prix de Kyoto et le prix Templeton. Intellectuel public, M. Taylor a dirigé, au côté du sociologue Gérald Bouchard, la Commission Bouchard-Taylor qui s’est penchée sur les conséquences des accommodements pour raisons religieuses sur l’identité et les valeurs québécoises.

En savoir plus sur le prix Berggruen (en anglais)
En savoir plus sur le prix John W. Kulge (en anglais)

*Charles M. Taylor est l’un des 12 lauréats d’importants prix internationaux  de recherche en 2016 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne: Lauréats canadiens de 2016 de prestigieux prix internationaux en recherche.

Daniel_Wigdor_innovator

Réduire le temps de réponse des appareils numériques

Professeur adjoint d’informatique à la University of Toronto, Daniel Wigdor s’est vu décerner une bourse de recherche Sloan pour financer ses travaux portant sur l’interaction humain-ordinateur, et en particulier sur les moyens de réduire le temps de réponse des téléphones intelligents et des tablettes.

Les performances informatiques ont considérablement progressé au fil des dernières décennies, mais le temps de réponse des écrans tactiles stagne à 100 millisecondes. M. Wigdor souhaite réduire ce temps de réponse et humaniser le fonctionnement des appareils numériques – par exemple, pour qu’ils donnent l’impression d’écrire sur du vrai papier. « De manière générale, mes travaux visent à mettre à profit les technologies informatiques pour améliorer la vie des gens », dit-il.

Les travaux de M. Wigdor portent entre autres sur le développement d’interfaces utilisateurs, sur les modes d’interaction, les capteurs, les nouveaux types d’appareils, les plateformes de développement ainsi que l’amélioration des systèmes d’exploitation.

Après avoir obtenu un doctorat de la University of Toronto, M. Wigdor a travaillé pour Microsoft Research, entre autres comme expert en interfaces utilisateurs associées aux nouvelles technologies. Il a parallèlement été professeur adjoint affilié au département de science et de génie ainsi que de l’École d’informatique de l’Université de Washington. M. Wigdor s’est joint au corps professoral de la University of Toronto en 2011. Il a obtenu une Bourse de nouveau chercheur du gouvernement ontarien en 2014.

En savoir plus sur les bourses de recherche Sloan

* Daniel Wigdor est l’un des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche

Natalie-Enright-Jerger_innovators

Permettre aux réseaux de puces électroniques de communiquer plus efficacement

Comptant parmi les plus grands chercheurs en architecture informatique de sa génération, Natalie Enright Jerger est professeure agrégée au département de génie électrique et informatique Edward S. Rogers de la University of Toronto. Elle a obtenu une bourse de recherche Sloan pour ses travaux déterminants visant à trouver comment permettre aux réseaux de puces des microprocesseurs de communiquer plus efficacement. À mesure qu’augmentent la taille et la complexité des systèmes informatiques ainsi que le nombre de processeurs présents sur une même puce, la communication entre ces processeurs devient l’un des principaux obstacles au progrès.

Les travaux de Mme Enright Jerger visent principalement à relever trois défis : améliorer les communications entre les cœurs, les antémémoires et la mémoire; alléger les protocoles de mise en antémémoire; et améliorer la programmation parallèle.

Titulaire d’un baccalauréat ès sciences de l’Université Purdue, Indiana, ainsi que d’un doctorat en architecture informatique de l’Université du Wisconsin, à Madison, Mme Enright Jerger s’est jointe à la University of Toronto en 2009. Récipiendaire en 2012 d’une Bourse de nouveau chercheur du ministère de la Recherche et de l’Innovation de l’Ontario, elle a obtenu en 2014 la Médaille du génie, catégorie Jeunes ingénieurs, de l’Ordre des ingénieurs de l’Ontario pour ses réalisations exceptionnelles dans son domaine.

En savoir plus sur les bourses de recherche Sloan (en anglais)

* Natalie Enright Jerger est l’une des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche

Artur_Izmaylov_innovator

Comprendre l’incidence de la forme sur la chimie

Professeur adjoint au département de physique et de sciences de l’environnement de la University of Toronto à Scarborough, Artur Izmaylov a remporté une bourse de recherche Sloan pour ses travaux novateurs sur la compréhension et la modélisation de réactions chimiques dynamiques comportant de multiples états électroniques au niveau des molécules et des matériaux. Ces processus sont omniprésents dans la capture de l’énergie solaire, dans le fonctionnement des protéines photoactives (essentielles à la vision humaine) ainsi que dans les réactions catalytiques sur les surfaces métalliques.

En termes simples, les travaux de M. Izmaylov visent principalement à comprendre en quoi la forme influe sur la chimie. « On sait depuis un certain temps que la topologie peut jouer un rôle dans les réactions chimiques, explique le chercheur. Toutefois, jusqu’ici, on ne savait pas clairement à partir de quel moment ce rôle devient important, et comment la topologie influe sur les réactions chimiques au sein des systèmes moléculaires. »

Diplômé de l’Université d’État de Moscou, M. Izmaylov est titulaire d’un doctorat de l’Université Rice, Texas, et a été chercheur postdoctoral à l’Université Yale. M. Izmaylov s’est joint à la University of Toronto en 2012.

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* Artur Izmaylov est l’un des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche

Hau_tieng_Wu_innovator

Analyser les mégadonnées et résoudre des problèmes médicaux par les mathématiques

Professeur adjoint au département de mathématiques de la University of Toronto, Hau-tieng Wu a remporté une bourse de recherche Sloan afin de poursuivre ses travaux axés sur les mathématiques et sur l’analyse des mégadonnées statistiques, de même que ses travaux sur leurs applications médicales. M. Wu s’intéresse entre autres à déterminer la manière dont divers modes de respiration ont une incidence sur la pression sanguine, le rythme cardiaque et d’autres signaux physiologiques. Il travaille également à évaluer les phases de sommeil au moyen d’outils de pointe comme des électrocardiogrammes.

Ses travaux portent sur l’analyse d’ensembles massifs de données au moyen d’outils et de théorèmes mathématiques adéquats.

Après avoir obtenu son diplôme de médecine de l’Université nationale Yang-Ming, à Taiwan, M. Wu a effectué sa résidence à l’Hôpital général des anciens combattants de Taipei, à Taiwan. Il est titulaire d’un doctorat en mathématiques de l’Université de Princeton, où il a effectué ses recherches postdoctorales. Il a aussi poursuivi des travaux postdoctoraux au département de statistiques de l’Université de la Californie, à Berkeley, ainsi qu’au département de mathématiques de l’Université Stanford. Il s’est joint à la University of Toronto en 2014.

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*Hau-tieng Wu est l’un des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche

James_Retallack_innovators

Poursuivre la recherche sur l’Allemagne d’avant la Première Guerre mondiale

Professeur d’histoire et d’études allemandes, James Retallack s’est vu décerner en 2015 à la fois une bourse de recherche Guggenheim en sciences humaines et une bourse de recherche Killam qui vont lui permettre de poursuivre sa recherche sur l’Allemagne d’avant la Première Guerre mondiale, période cruciale de l’histoire allemande et mondiale.

Les travaux de recherche de M. Retallack sur l’Allemagne d’avant la Première Guerre jettent un éclairage sur cette époque où les promesses de réforme démocratique et de justice sociale n’avaient pas encore été mises à mal par le fascisme et le communisme. M. Retallack travaille en ce moment à une biographie de Ferdinand August Bebel, l’un des fondateurs du Parti ouvrier social-démocrate allemand et figure de proue du mouvement sociodémocrate. Cet ouvrage dressera l’inventaire des occasions manquées qu’a eues l’Allemagne d’opter pour le libéralisme et la démocratie et de tourner le dos au nazisme.

Une fois diplômé de la Trent University, M. Retallack a été boursier Rhodes à l’Université d’Oxford, où il a obtenu un doctorat en philosophie. Il a bénéficié de subventions et de bourses de recherche de nombreuses fondations, qui lui ont également décerné des prix pour ses travaux de recherche. Il a été professeur à l’Université libre de Berlin et à l’Université de Göttingen, en Allemagne, et plus récemment chercheur visiteur à la Bergische Universität Wuppertal, également en Allemagne. Il est membre de la Société royale du Canada depuis 2011.

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* James Retallack est l’un des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche.

James_Arthur_innovator

Proposer une perspective d’un monde mathématique unifié

Titulaire de la chaire Ted Mossman en mathématiques à la University of Toronto, James G. Arthur s’est vu décerner par la Fondation Wolf le prestigieux Prix Wolf de mathématiques pour « son travail monumental axé sur la formule des traces et pour ses contributions fondamentales à la théorie des représentations automorphiques des groupes réductifs ».

Selon la Fondation Wolf, « les travaux de M. Arthur marquent une étape majeure dans le domaine des mathématiques et inspireront des générations de mathématiciens ».

Les travaux de M. Arthur sur la théorique des formes et des représentations automorphiques ont ouvert de nouvelles pistes vers la résolution des défis posés par un modèle mathématique théorique élaboré il y a 30 ans par le mathématicien canadien Robert Langlands. Ce modèle, qui tente de lier deux branches des mathématiques que sont l’analyse et l’algèbre, a conduit à une perspective d’un monde mathématique unifié dans lequel ces disciplines indépendantes seraient liées entre elles. La formule des traces de M. Arthur est devenue l’outil mathématique le plus puissant qui soit pour relever ce défi, considéré par beaucoup comme le défi ultime.

Arthur est titulaire d’un baccalauréat ès sciences et d’une maîtrise ès sciences de la University of Toronto, ainsi que d’un doctorat de l’Université Yale. Il est professeur à la University of Toronto depuis 1978. Membre de la Société royale, il a été élu en 2003 membre étranger honoraire de l’American Academy of Arts and Sciences, et est membre depuis 2012 de l’American Mathematical Society.

En savoir plus sur le Prix Wolf

* James G. Arthur est l’un des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche.

Diane_Landry_innovator

Intégrer performance, vidéo et installation artistique

Artiste multidisciplinaire, Diane Landry a remporté une bourse de recherche Guggenheim en arts de la création afin qu’elle puisse poursuivre ses recherches et travailler à un projet intégrant performance, vidéo et installation artistique.

Depuis plus de 30 ans, Mme Landry étudie les propriétés transformatrices de la lumière, du son et du mouvement. Elle réalise des œuvres à partir d’objets de la vie quotidienne, en s’employant à modifier leur sens et leur valeur ainsi que notre perception de ceux-ci. Elle crée également des performances en parallèle de son travail de sculptrice.

Mme Landry a été artiste résidente à New York et à Montréal, au Centre Banff ainsi qu’à Buenos Aires, à Marseille et à Utica (État de New York). Ses œuvres ont été exposées au Canada et aux États-Unis, ainsi qu’en Australie, en Chine et en Europe. Certaines d’entre elles ont récemment fait partie de l’exposition itinérante internationale « Oh Canada », organisée par le Massachusetts Museum of Contemporary Art.

Diplômée en beaux-arts de l’Université Laval et de l’Université Stanford, Mme Landry a reçu divers prix. Elle a entre autres été récipiendaire en 2014 de la Bourse de carrière Jean-Paul Riopelle du Conseil des arts et des lettres du Québec.

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* Diane Landry est l’une des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche.

Henderikus_Stam_innovators

Comprendre l’esprit humain

La haine. La violence. L’amour. La colère. Pourquoi les humains éprouvent-ils toutes ces émotions? Notre esprit est complexe : une foule de neurones et de réactions chimiques donnent naissance aux pensées, aux idées, aux émotions et aux sensations.

Pour comprendre l’humain, il faut d’abord se connaître.

Professeur de psychologie à la University of Calgary, Henderikus Stam a été en 2015 le lauréat du prix Joseph B. Gittler par l’American Psychological Foundation. Ce prix annuel vise à honorer un psychologue ayant contribué par ses travaux de recherche aux fondements philosophiques des connaissances en psychologie.

M. Stam a créé les spécialités Histoire et Théorie au sein du département de psychologie de la University of Calgary. Ses récents travaux portent principalement sur les problèmes théoriques de la psychologie contemporaine ainsi que sur les fondements historiques de la psychologie du XXe siècle. Fondateur de la revue bimestrielle Theory and Psychology, M. Stam en est également le rédacteur en chef. Il a abondamment publié en plus de diriger ou de codiriger la rédaction d’une demi-douzaine d’ouvrages. Il a prononcé de nombreuses conférences sur les aspects théoriques et historiques de la psychologie en Amérique du Nord, en Europe, en Chine et en Australasie.

M. Stam est titulaire d’un baccalauréat ès arts, d’une maîtrise ès arts et d’un doctorat de la Carleton University, à Ottawa. Membre fondateur et ancien président de l’International Society for Theoretical Psychology, il a également présidé la Society for Theoretical and Philosophical Psychology de l’American Psychological Association.

En savoir plus sur le prix Joseph Gittler (en anglais)

* Henderikus Stam est l’un des 24 lauréats d’importants prix internationaux en recherche en 2015 figurant dans la brochure Reconnaissance internationale de l’excellence canadienne : Célébrer les nouveaux lauréats de prix internationaux importants en recherche.

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