Michael Houghton

Un chercheur de la University of Alberta, lauréat d’un prix Nobel pour sa découverte de l’hépatite C, travaille à la mise au point de vaccins

C’est au beau milieu de la nuit le 5 octobre dernier que Michael Houghton, professeur de la University of Alberta, a appris que lui et ses collaborateurs venaient de remporter le prix Nobel de 2020 de médecine ou physiologie. M. Houghton a remporté le Nobel en collaboration avec les scientifiques Harvey Alter et Charlie Rice pour leur contribution significative à la lutte contre l’hépatite à diffusion hématogène, un problème de santé mondial majeur qui provoque la cirrhose et le cancer du foie.

M. Houghton dit avoir tenté en vain de retourner au lit après l’appel de son collègue à 3 h du matin. « J’y ai finalement renoncé, a-t-il raconté en entrevue avec Adam Smith de la Nobelprize.org. Et puis lorsque j’ai ouvert mes courriels, il y en avait des centaines […] ce qui est très agréable, bien sûr. »

En 1989, les trois chercheurs ont découvert le virus responsable de l’hépatite C, une maladie à l’origine de 400 000 décès chaque année dans le monde.

Leur découverte a permis de protéger les réserves de sang contre la transmission du virus. Les chercheurs ont rapidement mis au point un test sanguin et, en 1992, le virus était pratiquement éliminé des inventaires de sang dans le monde développé.

Leur attention s’est ensuite tournée vers les traitements. « Il a fallu à l’ensemble du milieu et à l’industrie pharmaceutique plus de 20 ans […], mais nous avons mis au point des médicaments extraordinaires qui peuvent maintenant guérir presque tout le monde rapidement et en toute sécurité. »

L’hépatite C demeure à ce jour une épidémie mondiale. « Or, pour contrôler une telle épidémie, il faut un vaccin, dit-il. Après de nombreuses années de travail, je crois que le milieu estime que c’est faisable […]. À la University of Alberta, j’ai travaillé à une version améliorée [du vaccin] qui, nous croyons, a de bonnes chances de réussir, ou du moins d’être partiellement efficace. »

M. Houghton a été recruté par la University of Alberta en 2010 comme titulaire de la Chaire d’excellence en recherche du Canada sur la virologie à l’Institut Li Ka Shing de virologie. Deux ans plus tard, lui et son équipe ont mis au point un vaccin contre le virus responsable de la cirrhose, des maladies du foie terminales et du cancer du foie. Les tests du vaccin sont actuellement en phase avancée.

Il dirige aussi des travaux visant à mettre au point un vaccin contre la COVID-19.

M. Houghton raconte s’être intéressé à la microbiologie dès l’âge de 17 ans. « J’ai lu sur la vie et l’œuvre de Louis Pasteur, et ce dernier est devenu mon inspiration. » En ce qui concerne ce qui l’a motivé à poursuivre ses travaux, particulièrement pendant les années de frustration, il confie que ce n’est pas l’espoir d’obtenir des prix ou des décorations. « [Les hommages,] c’est bien, mais ce qui compte avant tout pour moi c’est d’avoir pu prévenir des millions de cas d’infection à l’hépatite C qui autrement auraient pu survenir par l’entremise des réserves de sang. Recevoir un prix c’est agréable, mais c’est ce n’est qu’un prix. Ce qui me rend vraiment heureux c’est de pouvoir intervenir auprès de patients, de prévenir les infections ou de trouver un remède. »

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