Le prix Nobel décerné à Michael Houghton témoigne de la vigueur des biotechnologies au Canada

10 décembre 2020
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Bill Flanagan, recteur, University of Alberta

Cet article d’opinion a été publié dans le journal The Globe and Mail le 10 décembre 2020.

Article d’opinion écrit par Bill Flanagan, recteur et vice-chancelier de la University of Alberta.

Alors que nous menons une lutte acharnée contre la COVID-19, l’annonce du prix Nobel 2020 de médecine décerné à Michael Houghton, un virologiste de la University of Alberta, n’aurait pas pu mieux tomber. Au moment où nous en avons le plus besoin, le monde rend hommage à une réalisation en recherche qui permettra au Canada de jouer un rôle encore plus important dans la recherche, le développement et la production d’un vaccin ou d’un traitement.

Le 10 décembre, M. Houghton recevra, conjointement avec Harvey Alter et Charles Rice, un prix Nobel pour la découverte, en 1989, du virus de l’hépatite C (VHC). Le VHC a par le passé coûté la vie à des millions de personnes et contaminé l’ensemble du système de distribution des produits sanguins. À partir de 1992, de nouveaux tests de dépistage ont permis d’éliminer le VHC des réserves de sang. Ainsi, dès 1996, on a pu constater une baisse de plus de 80 pour cent du taux de transmission annuel à l’échelle mondiale. En outre, grâce aux traitements qui ont découlé de la découverte, le VHC est devenu la première maladie virale chronique à pouvoir être traitée et guérie.

Mais les travaux de M. Houghton et de ses collègues ne sont pas arrêtés à cette découverte révolutionnaire. Lui et son équipe de l’Institut de virologie appliquée Li Ka Shing ont mis au point un vaccin contre le VHC qui en est aux dernières étapes des essais précliniques et qui a le potentiel de sauver des millions de vies. Aidée d’un autre groupe de chercheurs de la University of Alberta, l’équipe travaille aussi à l’élaboration de vaccins et de traitements pour d’autres maladies, comme la COVID-19, la maladie d’Alzheimer et les maladies à streptocoque du groupe A, ainsi que de nouveaux médicaments anticancéreux.

Ce n’est pas par hasard que la University of Alberta est devenue un des meilleurs centres de recherche en virologie et en immunologie au monde, ni que M. Houghton est le premier chercheur dans une université canadienne à recevoir un prix Nobel de médecine en près de 100 ans. Il s’agit du résultat de décennies de planification et d’investissements stratégiques de la part du gouvernement et de l’industrie découlant des efforts de Lorne Tyrrell, un autre virologiste renommé de la University of Alberta, à l’origine de la découverte du premier médicament antiviral contre l’hépatite B. C’est d’ailleurs pour faire partie de l’exceptionnel groupe de recherche de M. Tyrrell que M. Houghton s’est joint à l’établissement en 2010, en tant que titulaire d’une Chaire d’excellence en recherche du Canada. Grâce à un don

supplémentaire de la Fondation Li Ka Shing et à une importante contribution du gouvernement de l’Alberta, la University of Alberta a fondé l’Institut de virologie Li Ka Shing en 2010 et l’Institut de virologie appliquée Li Ka Shing en 2013 sous la direction du M. Tyrrell et de M. Houghton.

Les investissements en science sont un effort de longue haleine, car l’excellence en recherche se bâtit au fil du temps à mesure que des personnes de talent se joignent à des chercheurs d’exception dont les découvertes ont la capacité de changer le monde. En plus de reconnaître le pouvoir transformateur d’une découverte, le prix Nobel peut constituer un avantage indéniable pour l’Alberta et le Canada. Après que la découverte du transistor eut valu à William Shockley le prix Nobel de physique en 1956, il a déménagé à Palo Alto, en Californie, où il a jeté les bases de ce qui allait devenir la Silicon Valley, en collaboration avec Fred Terman de l’Université Stanford. Ici au Canada, le prix Nobel de chimie remporté par Michael Smith en 1993, alors qu’il travaillait à la University of British Columbia, a contribué à jeter les bases d’un centre de biotechnologie et de sciences de la vie en pleine effervescence à Vancouver.

La commercialisation de la découverte du VHC par M. Houghton en 1989, alors qu’il était en Californie, a mené à la création d’une entreprise comptant plus de 6 500 employés à l’échelle mondiale et affichant des revenus annuels de deux milliards de dollars américains. Cette entreprise a par la suite été achetée par la multinationale pharmaceutique Novartis pour 11 milliards de dollars américains. Le prix Nobel 2020 décerné à M. Houghton constitue pour le Canada une occasion de tirer parti de son expertise et de sa réputation pour réaliser des gains économiques et sociaux supérieurs. Si un seul des sept vaccins ou traitements prometteurs en cours d’élaboration à l’Institut de virologie appliquée Li Ka Shing réussit les essais cliniques, les retombées économiques pourraient atteindre entre un et trois milliards de dollars, ce qui pourrait surtout grandement bénéficier aux Canadiens. La COVID-19 nous a fait prendre conscience du caractère essentiel de la recherche-développement et de l’importance de trouver une solution ici même au pays.

Le Canada, en plus de célébrer l’obtention du prix Nobel par M. Houghton, doit saisir l’occasion d’envoyer un message clair aux investisseurs privés, aux organismes subventionnaires et aux principaux partenaires philanthropiques et industriels du monde entier. Le Canada est un chef de file international de la recherche-développement dans le domaine de la biotechnologie et est ouvert à toutes les possibilités dans ce secteur en pleine expansion. Nous pouvons adopter une vision audacieuse pour accélérer la découverte, la mise au point et la mise en marché de vaccins et de traitements. Les retombées potentielles? Des millions de vies sauvées, d’immenses économies pour les systèmes de santé, une meilleure préparation aux pandémies et une industrie biomédicale prospère en Alberta et dans le reste du Canada.

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Personne-ressource :

Lisa Wallace
Directrice adjointe, Communications
Universités Canada
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Catégorie :  Recherche et innovation

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