Une génération de chercheurs en danger

1 septembre 2017
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Cet article d’opinion a paru dans la Presse+ et Le Soleil le 1er septembre 2017

par Suzanne Fortier, principale et vice-chancelière, Université McGill et administratrice du conseil d’administration d’Universités Canada; Sophie D’Amours, rectrice, Université Laval et Guy Breton, recteur, Université de Montréal

Et c’est reparti! Depuis quelques jours, à travers le Québec, 310 000 étudiants sont de retour sur les campus universitaires. Les nouveaux parmi eux découvriront bien vite ce qui rend l’université différente de tout ce qu’ils ont connu dans leur parcours éducatif : on y fait de la recherche avancée dans tous les domaines. À l’université, la classe n’est jamais très loin du groupe de recherche ou du laboratoire.

Les professeurs d’université sont des chercheurs établis. Beaucoup d’étudiants font aussi de la recherche. Le mandat de faire avancer la connaissance fait de ces grandes écoles que sont nos universités de formidables moteurs sociétaux.

Pour avancer en 2017, notre pays a besoin de réfléchir à la question identitaire dans l’une des sociétés les plus ouvertes du monde. Il a besoin de connaissances sur lesquelles fonder des politiques sociales et économiques propices à générer une croissance inclusive. Il doit mieux comprendre les effets des changements climatiques sur son territoire, suivre de près l’évolution de ses partenaires commerciaux, accroître la productivité de ses PME avec l’automatisation, continuer la lutte contre le cancer, l’obésité et la maladie d’Alzheimer.

Seule la recherche de pointe permet de trouver des solutions aux enjeux majeurs qui touchent la vie des gens. Et les universités, qui réalisent environ le tiers de toute la recherche et développement au pays, sont à cet égard d’incontournables alliées.

À l’évidence, pour vivre dans une société de premier rang, nous devons compter sur un système de recherche du même rang. L’avons-nous? Pas tout à fait. Selon le récent rapport du Comité consultatif sur l’examen du soutien fédéral aux sciences, mieux connu comme le rapport Naylor, nous pourrions faire tellement mieux collectivement.

On peut y lire que le Canada ne fait plus partie du groupe des 30 pays qui investissent le plus en recherche. Que le financement de la recherche provenant du gouvernement fédéral a lentement diminué au cours des 15 dernières années, contrairement à tous les autres pays du G7 et aux principaux pays d’Asie. Les professeurs et les étudiants désirant mener des recherches indépendantes ont vu leurs ressources fondre de 35 % entre 2006 et 2014.

Au sein de la génération montante, le moral est plutôt bas. Un chercheur débutant, se confiant au Comité consultatif, est allé jusqu’à comparer les chances d’avoir une carrière digne de ce nom en recherche à celle de jouer un jour dans la Ligue nationale de hockey pour un jeune hockeyeur. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre une génération de chercheurs talentueux, faute de bien les soutenir financièrement.

Pourtant, le Canada a rarement eu une aussi belle occasion de s’imposer comme un leader mondial en science. Le fait que notre pays soit relativement épargné par les bouleversements politiques qui touchent l’Amérique et l’Europe nous place en excellente position pour attirer et retenir les meilleurs chercheurs.

Notre gouvernement doit agir maintenant. Un soutien accru à nos chercheurs imprimera un élan durable à l’ensemble du pays, au bénéfice de tous les Canadiens. Nous sommes convaincus qu’avec la somme des talents que nous avons dans nos universités, les efforts du gouvernement porteront rapidement leurs fruits.

Et évitons l’erreur récente de privilégier un financement ciblé de la recherche, en fonction de possibles retombées de court terme. Au fil des siècles, le savoir a acquis une autonomie qui est la condition essentielle de son développement. Ce qui doit nous motiver d’abord et avant tout, c’est la soif de connaissances. Les découvertes et les bienfaits suivront d’eux-mêmes. Nous avons quelques siècles de progrès technologique et social au Canada pour nous en convaincre.

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À propos d’Universités Canada
Porte-parole des universités canadiennes au Canada et à l’étranger, Universités Canada fait la promotion de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation au profit de tous les Canadiens.

Personne-ressource :

Lisa Wallace
Directrice adjointe, Communications
Universités Canada
[email protected]

Catégorie :  Recherche et innovation

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